dimanche 17 octobre 2010
Des assoiffés d'azur des poètes des fous
30 juillet :
Et quand vient le moment
De mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs
C'est la que je suis née
Je meurs près de ma mère
Et je fais mon devoir
Elle a fait son devoir
C'est a dire que Onques
Elle n'eut de souhait
Impossible elle n'eut
Aucun rêve de lune
Aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs
Sur un fleuve inconnu
Et tous sont ainsi faits
Ils n'ont aucun besoin
De baiser sur les lèvres
Et loin des songes vains
Loin des soucis cuisants
Ô les gens bien heureux
Tout à coup dans l'espace
Si haut qu'ils semblent aller
Lentement en grand vol
En forme de triangle
Arrivent planent, et passent
Où vont ils? ... qui sont-ils ?
Comme ils sont loin du sol
Regardez les passer, eux
Ce sont les sauvages
Ils vont où leur désir
Le veut par dessus monts
Et bois, et mers, et vents
Et loin des esclavages
L'air qu'ils boivent
Ferait éclater vos poumons
Regardez les avant
D'atteindre sa chimère
Plus d'un l'aile rompue
Et du sang plein les yeux
Mourra. Ces pauvres gens
Ont aussi femme et mère
Et savent les aimer
Aussi bien que vous, mieux
Pour choyer cette femme
Et nourrir cette mère
Ils pouvaient devenir
Volailles comme vous
Mais ils sont avant tout
Des fils de la chimère
Des assoiffés d'azur
Des poètes des fous
Regardez les vieux coqs
Jeune Oie édifiante
Rien de vous ne pourra
monter aussi haut qu'eux
Et le peu qui viendra
D'eux à vous
C'est leur fiente
Les bourgeois sont troublés
De voir passer les gueux
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IL ne suffit pas de partir pour un gueux, un poète ou un fou. Ca peut aider. Mais il faut aussi autre chose - la chimère, dit Brassens. La plupart de ceux qui ont fait un grand voyage, son bien content de voir fumer leur cheminée (Du Bellay)... Etais-tu de ceux-là ?
RépondreSupprimerL'horizon cependant est immense
et l'on devine toute l'Asie à l'affût
tapie derrière ces collines
L'orient
C'est toujours ailleurs qu'est l'ailleurs
Pour quoi donc la chimère est-elle une condition nécessaire ?
RépondreSupprimerSavais-tu que ce texte, ainsi que celui des Philistins, n'est pas de Brassens ?
A mon avis, le voyage est une condition suffisante à l'élévation, peut-être perfectible, mais suffisante pour survoler les biens de ce monde et trouver des raisons plus profondes d'existence dans l'humain et la simple vie.
Et l'on est toujours heureux de voir fumer sa cheminée, si l'on part c'est aussi pour revenir.
Nous y voilà !
RépondreSupprimerMoi je pense qu'il y a deux manières de partir : tout quitter (le départ sans amour donc, pour ne pas revenir); et le départ pour mieux connaître le lieu d'où l'on part, pour mieux le voir, non pour le fuir (éventuellement pour se connaître soi-même). Il me semble que ce qui anime le voyageur dans ces deux cas est très différent.
Ou le désir même de l'autre, ou le désir autre du même, si on veut lacaniser...
Je constate avec plaisir que ton ordi est désormais à l'heure française...
RépondreSupprimerOui, c'en est fini de l'heure américaine !
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a deux sentiments du voyage, mais il faut être naïf pour croire que c'est exclusivement l'une ou exclusivement l'autre.
Tu as aussi oublié d'autres choses qu'on peut chercher à connaître par le voyage : les gens avec qui l'on voyage d'abord, et puis le voyage même, l'errance, l'absolu de la marche, sans lieu sans temps, juste l'ailleurs, le mouvoir.
Je me demande si tes autres catégories rentrent pas dans celles du professeur...
RépondreSupprimerA creuser...
Ce que je voulais dire : on ne part pas seulement pour fuir un endroit qu'on connait, ou pour connaître un endroit dont on ignore tout ; on peut aussi voyager pour connaître les gens avec qui l'on part, ou bien pour connaître le voyage lui-même, la sensation pure du mouvement.
RépondreSupprimerCa ne me paraissait pas si clair chez le professeur, et puis de dire que ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est tout à la fois...