lundi 29 novembre 2010

Matériauthèque

 Travail en studio : étudier différentes matières sous différents éclairages, différentes positions d'éclairages.
De l'organique au minéral, des déchets aux accessoires, nous avons balayé un spectre large de matériaux, et nous avons pris le parti de peu changer de source d'éclairage pour plus jouer avec le positionnement.
Les images ne sont pas retouchées, on voit les différences de dureté, de couleur, de flou ou de texture de la lumière et du matériau, les deux éléments s'unissant dans un tout inextricable : la matière et la lumière qu'on pose dessus sont une seule et même chose.


http://materiautheque.blogspot.com/

dimanche 28 novembre 2010

mourir peut-être mais d'ivresse


















19 août.
syrie. société de la pudeur. société de l'érotisme.
quel choc pour moi qui viens - et je m'en rends compte seulement à présent - d'une société pornographique ! ici l'homme n'a pas poussé la curiosité jusque dans ses retranchements les plus malsains, ici la sexualité et le corps des autres n'est pas soumis à l'avidité d'un progrès destructeur pour l'imagination et la liberté de chacun ; ici, c'est l'équilibre oriental, non pas tourné vers un futur, un mieux, non pas ligne droite mais cercle infiniment stable. ici un poignet, un cheveux deviennent hautement érotiques quand il faut chez nous des strings et des seins nus pour n'importe quelle publicité affichée sur nos murs comme viande froide, comme marchandise évidente ou dividende entendu qu'on nous offre pour n'importe quel produit.
sous couvert de liberté et d'expression libre nous autorisons et nous réclamons la pornographie et l'escalade de la pornographie : excuses sublimes pour un moralisme puritain, outils usant et épuisant notre érotisme et notre sexualité. ici les sens reprennent leur naïveté comme une virginité mentale, ici la sensualité a gardé son mystère et sa fraîcheur adolescente et semble pouvoir durer éternellement.
mais qui suis-je moi, occidental extrémiste parmi les extrémistes, moi qui cherche la perte toujours plus avant, moi qui veux voir toujours plus loin ? je n'échappe pas à ma condition, animé par cette curiosité qui me dévore et me brûle et m'empêche de rester en place, je veux voir tout ce que mes yeux pourront voir, boire tout ce que je pourrai boire et vivre tout ce qui sera possible de vivre. boire le vin jusqu'à la lie. 
mourir peut-être mais d'ivresse.

samedi 27 novembre 2010

"et pourtant, si le pouvoir était pluriel comme les démons ?"















28 juillet :
je dis que la politique - à savoir l'institutionnalisation du pouvoir - est la meilleure façon de nous éloigner de ce qui est véritablement important, le politique : l'expression naturelle, inévitable et permanente de notre individualité en valeurs de pouvoir.
la meilleure façon de nous circonscrire dans un combat que nous sommes seulement sûrs de perdre.
affirmer son individualité, c'est affirmer son pouvoir individuel, son cylindre ponctuel et temporaire, ici et maintenant ; c'est affirmer qu'on n'estime pas platement un seul pouvoir (qui serait le pouvoir de la politique) qui serait situé au-dessus des hommes, mais qu'on considère tous les hommes comme des pouvoirs et les associations des hommes comme d'autres pouvoirs qui s'y ajoutent - et pas seulement parmi ceux-là l'état.
loin des prés gardés des partis de ceux qui savent qu'ils ont raison, que leur interprétation bien huilée et bien rodée par des décennies de discours est bien la bonne la seule la vraie, j'aime essayer de comprendre les hommes par moi-même en les rencontrant, hésiter souvent me tromper toujours expérimenter.
devenir ces hommes, chuter, se décupler.

vendredi 26 novembre 2010

des regards tristes


13 juillet :
jusqu'au fond du désert il y a des enfants tristes, des téléphones portables, des jeux idiots et des regards malheureux.

jeudi 25 novembre 2010

un corps à mon plaisir fugitif















15 juillet :
"Moi comme je suis joyeux, je t'aime comme un objet ; je te trouvais jolie alors j'ai eu envie de te tendre la main, et de te toucher, t'attraper"
aussi j'aime le monde comme un objet, comme un enfant gigantesque rabelaisien qui a la Terre comme terrain de jeu
et si je l'aime comme un objet c'est que je le trouve beau avec toutes les émotions que ce mot peut contenir
j'ai envie de le manipuler, le prendre le tordre le jeter le sucer le casser le pleurer le mordre le caresser
envie de passer des heures à l'admirer
être au monde avec le plus d'intensité possible
la photo c'est ma manière d'être au monde,
une manière tous les jours de jouir d'être vivant
donner une image à l'émotion,
un corps à mon plaisir fugitif

mercredi 24 novembre 2010

"Et il ne peut être homme s'il n'entre pas dans le symbolique."





























14 juillet :
"Quand l'homme entre dans le monde, il entre dans le symbolique qui est déjà là.
Et il ne peut être homme s'il n'entre pas dans le symbolique."

Une photo


Les lecteurs de l'Espresso se souviennent probablement de la retranscription de l'enregistrement des dernières  minutes de Radio Alice, pendant que la police enfonçait la porte. Beaucoup ont dû être frappés par le fait que l'un des speakers, tandis qu'il racontait d'une voix tendue ce qui se passait, essayait d'en rendre l'idée en se référant à une scène de film. La situation d'un individu en train de vivre une scène assez traumatisante comme s'il était au cinéma était tout à fait singulière.
                Il ne pouvait y avoir que deux interprétations. L'une, traditionnelle : la vie est vécue comme une œuvre d'art. L'autre nous oblige à quelques réflexions supplémentaires : c'est l'œuvre visuelle (le cinéma, la vidéo, l'image murale, la B.D., la photo) qui fait désormais partie de notre mémoire. Cette interprétation est assez différente de la première et semblerait confirmer une hypothèque déjà avancée, c'est-à-dire que les nouvelles générations ont projeté comme composants de leurs comportements une série d'éléments filtrés à travers les médias (et certains provenant des zones les plus inaccessibles de l'expérimentation artistique de ce siècle). A dire vrai, ce n'est même pas la peine de parler de nouvelles générations : il suffit d'appartenir à la génération intermédiaire pour avoir  éprouvé à quel point le vécu (amour, peur ou espoir) est filtré à travers des images "déjà vues". Je laisse aux moralistes la condamnation de cette façon de vivre par communication interposée. Il faut simplement rappeler que l'humanité n'a jamais agi autrement et avant Nadar et les frères Lumière, elle a utilisé d'autres images tirée des bas-reliefs païens ou des miniatures de l'Apocalypse.
                Maintenant il faut prévoir une autre objection, cette fois-ci non pas de la part de ceux qui ont le culte de la tradition : ne serait-ce pas au fond un exemple désagréable d'idéologie de la neutralité scientifique que de tenter, encore et toujours, face à des comportements en acte et à des événements brûlants et dramatiques, de les analyser, de les définir, de les interpréter, de les disséquer ? Peut-on définir ce qui par définition se soustrait à toute définition ? Eh bien, il faut avoir le courage de réaffirmer encore une fois ses convictions : jamais comme aujourd'hui l'actualité politique n'a été traversée, motivée et abondamment nourrie par le symbolique. C'est faire de la politique que de comprendre les mécanismes du symbolique à travers lesquels nous bougeons. Ne pas les comprendre conduit à faire une politique erronée. Certes, réduire les faits politiques et économiques aux seuls mécanismes symbolique est une erreur : mais ignorer cette dimension l'est aussi.
                Parmi les nombreuses et graves raisons qui ont été déterminantes dans l'échec de l'intervention de Lama [au mois de mars 1977, le chef des trois confédérations syndicales italiennes, Lama, a tenté de faire un discours aux étudiants - appartenant en majorité aux groupes "autonomes" - occupant l'université de Rome, lesquels l'en ont empêché par des actions violentes (N.D.T.)] à l'université de Rome, il faut en retenir surtout une : l'opposition entre deux structures théâtrales ou spatiales. Lama s'est présenté sur un podium (bien qu'improvisé), et donc selon les règles d'une communications frontale typique de la spatialité syndicale et ouvrière, à une masse d'étudiants qui a au contraire élaboré d'autres modes d'agrégations et d'interactions, des modes décentralisés, mobiles ou en apparence désorganisés. Il s'agit d'une autre forme d'organisation de l'espace, et ce jour-là à l'université s'est produit aussi un conflit entre deux conceptions de la perspective, l'une, disons, à la Brunelleschi et l'autre cubiste. Bien sûr, on aurait tort de réduire toute l'histoire à ces deux facteurs, mais on aurait également tort de liquider cette interprétation comme un divertissement intellectuel. L'Eglise catholique, la Révolution Française, le nazisme, l'Unions soviétique et la Chine populaire, sans parler des Rolling Stones et des équipes de football, ont toujours très bien su que l'organisation de l'espace était religion, politique, idéologie. Rendons donc au spatial et au visuel la place qui leur revient dans l'histoire des rapports politiques et sociaux.
                Abordons maintenant un autre fait. Dernièrement, à l'intérieur de cette expérience variée et mobile qu'on a appelée le "mouvement", sont apparus les hommes de la P. 38 [Du nom du pistolet de calibre 38 invoqué comme instrument de justice sociale et de réalisation personnelle de la part de certaines factions des "autonomes" (N.D.T.)]. Plusieurs instances intérieurs ou extérieures au mouvement ont demandé à celui-ci de les reconnaître comme un corps étranger. On a eu l'impression qu'un refus rencontrait des difficultés et cela pour plusieurs raisons. Disons en quelques mots que beaucoup de participants au mouvement ne se sentirent pas capables de reconnaître comme étrangères des forces qui, même si elles se manifestaient de façon inacceptable et tragiquement suicidaire, semblaient exprimer une réalité de marginalisation qu'on ne voulait pas renier. En deux mots, on disait : ils se trompent, mais ils font partir d'un mouvement de masse. Ce débat était dur et épuisant.
                Et voilà que la semaine dernière, l'enchaînement de tous les éléments du débat restés jusque-là en suspens s'est précipité. Tout d'un coup, et je dis tout d'un coup parce que en l'espace d'un seul jour on a eu des rébellions décisives, l'isolement des "P. 38istes" est devenu évident. Pourquoi justement à ce moment-là ? Pourquoi pas avant ? Il ne suffit pas de dire que les événement de Milan ont impressionné beaucoup de gens, car ceux de Rome avaient été aussi impressionnants. Qu'est-il arrivé de nouveau et de différent ? Essayons d'avancer une hypothèse, en rappelant encore une fois qu'une explication n'explique jamais tout, mais fait partir d'un ensemble d'"explications étroitement imbriquées : une photo est parue.
                Dans la masse de toutes les photos parues, une, toutefois, a fait la une de tous les journaux après avoir été publiée par le Corriere d'informazione. Il s'agit de la photo d'un individu en cagoule, seul, de profil, au milieu de la rue, les jambes écartées et les bras tendus, qui tient horizontalement et avec les deux mains un pistolet. Sur le fond on voit d'autres silhouettes, mais la structure de la photo est d'une simplicité classique : c'est la figure centrale qui domine, isolée.
                S'il est permis (d'ailleurs, c'est une obligation) de faire des observations esthétiques dans des cas de ce genre, cette photos est l'une qui passeront à l'histoire et apparaîtront sur des milliers de livres. Les vicissitudes de notre siècle sont résumées par peu de photos exemplaires qui ont fait date : la foule désordonnée qui se déverse sur la place pendant les "dix jours qui bouleversèrent le monde" ; le milicien tué de Robert Capa ; les marines qui plantent un drapeau dans un îlot du Pacifique ; le prisonnier vietnamien exécuté d'un coup de pistolet à la tempe ; Che Guevara martyrisé, étendu sur le lit de camp d'une caserne. Chacune de ces images est devenue un mythe et a condensé une série de discours. Elle a dépassé les circonstances individuelles qui l'ont produite, elle ne parle plus de ce ou de ces personnages individuels, mais exprime des concepts. Elle est unique, mais en même temps elle renvoie à d'autres images qui l'ont précédée ou qui l'ont suivie par imitation. Chacune de ces photos semble être un film que nous avons vu et renvoie à d'autres films. Parfois il ne s'agissait pas d'une photo, mais d'un tableau ou d'une affiche.
                Qu'a "dit" la photo du tireur de Milan ? Je crois qu'elle a révélé tout d'un coup, sans besoin de beaucoup de déviations discursives, quelque chose qui circulait dans beaucoup de discours, mais que la parole n'arrivait pas à faire accepter. Cette photo ne ressemblait à aucune des images qui avaient été l'emblème de l'idée de révolution pendant au moins quatre générations. Il manquait l'élément collectif, et la figure du héros individuel y revenait de façon traumatisante. Ce héros individuel n'était pas celui de l'iconographie révolutionnaire, qui a toujours mis en scène des hommes seuls dans des rôles de victimes, d'agneaux sacrifiés : le milicien mourant ou le Che tué, justement. Ce héros individuel, au contraire, avait l'attitude, l'isolement terrifiant des héros de films policiers américains (le Magnum de l'inspecteur Callaghan) ou des tireurs solitaires de l'Ouest, qui ne sont plus aimés par une génération qui se veut une génération d'Indiens.
                Cette image évoquait d'autres mondes, d'autres traditions narratives et figuratives qui n'avaient rien à voir avec la tradition prolétaire, avec l'idée de révolte populaire, de lutte de masse. D'un seul coup elle a produit un syndrome de rejet. Elle exprimait l'idée suivante : la révolution est ailleurs et, même si elle est possible, elle ne passe pas à travers le geste individuel.
                La photo, pour une civilisation habituée à penser par images, n'était pas la description d'un cas singulier (et en effet, peu importe qui était le personnage, que la photo d'ailleurs ne sert pas à identifier) : elle était un raisonnement, et, dans ce sens, elle a fonctionné.
                Il importe peu de savoir s'il s'agissait d'une pose (et donc d'un faux) : si elle était au contraire le témoignage d'une bravade consciente ; si elle a été l'œuvre d'une photographe professionnel qui a calculé le moment, la lumière, le cadrage ; ou si elle s'est faite presque toute seule, tirée par hasard par des mains inexpérimentées et chanceuses. Au moment où elle est apparue, sa démarche communicative a commencé : encore une fois le politique et le privé ont été traversés par les trames du symbolique, qui, comme c'est toujours le cas, a prouvé qu'il était producteur de réel.
Espresso, 1977.
in La Guerre du faux, Umberto Eco

bonheur transversal seul demeure à travers les pays
















23 août :
"la jouissance : mode d'évanouissement, d'annulation du sujet"

mardi 23 novembre 2010

Baiser de l'hôtel de ville












Voilà le projet final.
Mais je n'envoie que celle du milieu pour le concours ; on ne doit envoyer qu'une seule photo.

lundi 22 novembre 2010

quart-monde humain





















12 août : 
tous ces regards, confiants ou interrogateurs, curieux et vaguement intéressés, toujours respectueux me rappellent que chez moi on n'accueille pas les étrangers de cette manière. tristesse de savoir que mes semblables ont peur de l'autre, ici tout est si calme et si clair. l'être humain n'est jamais un étranger, on est hors des idées d'argent ou de profit. est-ce le confort qui nous a rendus si méchants et si hostiles à tout ce qui ne nous ressemble pas, à tout ce qui touche à notre quotidien si bien rodé ? comment nos idées de progrès et de richesse peuvent-ils nous mener à une telle misère humaine ? le quart-monde c'est nous, disent-ils en riant, et ils ont raison : chez eux personne n'est abandonné, personne n'est seul, personne ne dort dehors. tous nos dollars ne nous ferons pas oublier notre solitude et notre bêtise.
le vrai quart-monde, c'est nous : le quart-monde humain.

dimanche 21 novembre 2010

nos pas sur la ville





























des portes et des regards farouches ou fermés. l'incrédulité l'étonnement et la pureté d'un instant extrait du temps.

Opération Weegee


le flash. parce que quand on regarde longtemps quelque chose nos habitudes s'effritent et l'inquiétante étrangeté de notre quotidien appert.

samedi 20 novembre 2010

Paolo Roversi modulations

Journée TP de studio : par binôme, il nous fallait choisir une photo dont l'éclairage nous intéressait et qu'il nous fallait essayer de reproduire. Ici une photo de Paolo Roversi, suivie de notre imitation (nous n'avons pas trouvé exactement le même modèle, alors j'ai dû me sacrifier).
Ca n'a l'air de rien comme ça, mais l'éclairage était très complexe. Il nous a fallu plusieurs heures pour placer les différentes lumières, les réflecteurs, et pour trouver la pose...

 Le défi était d'arriver à tout faire à la prise de vue, à la retouche, on a seulement passé la photo en noir et blanc, puis un virage avec une couleur un peu ressemblante ; surexposé un peu le sol (qu'on avait encore un peu trop sombre) et contrasté.

jeudi 18 novembre 2010

les âmes lourdes qui ne voient pas


10 août :
"dieu juxtaposé à chaque allusion de geste millimétrique
dieu inséré entre les cellules ne me laissez pas seul
comme je suis – seul planté au ventre de l’enclume horaire
vagues sont tes appels les parages qui applaudissent mais lisses
tes mains dans les miennes saisies au vol des crises migratrices
et circulaire vit la solitude blottie au fond de la crevasse
rétréci au fond de moi-même je me regarde absent et m’étonne de tant pouvoir encore bouger
à la périphérie de la tache répandue sur nappe terrestre
il y a encore comme moi quelques légères gouttes d’âme rejetées par la force centrifuge
et là où la tige se dresse en croc de dague
croupissent les âmes lourdes qui ne voient pas"

mercredi 17 novembre 2010

face à l'absurdité immense qui nous cerne


















18 août :
des territoires tout juste sortis de la guerre, d'autres qui s'apprêtent à y entrer ; tous en portes les stigmates, les cicatrices.
nous sommes tellement peu préparés à cela. les gens ont pourtant tellement de paix en eux.
malgré leurs sourires et leurs mots amicaux tout trahi autour de nous une atmosphère lourde d'un passé pour nous lointain.
les murs sont marqués, les visages des gens ne se séparent pas d'expressions terribles.
la vraie pauvreté est là, pas ailleurs. pas dans le misérabilisme dans lequel on se vautre dans nos pays européens mais dans une dignité une noblesse sans égales.
à tout cela nous n'avons pas de réponse qu'un immense amour transversal par-dessus tous ces pays qui se sont haï plus qu'il ne nous est permis d'imaginer ; nous n'avons pas de réponse qu'un mutisme interrogatif, comment tous ces gens partout si gentils et si humains peuvent-ils encore se massacrer ?
il n'y a pas de mot ni là-bas ni ici pour dire ça. pas de mot et aucun visage à composer face à l'absurdité immense qui  nous cerne.

mardi 16 novembre 2010

comme chassé vidé exclu





18 juillet :
et quelquefois pourtant comprendre parfaitement l'incompréhension.
le jeu fascinant de la langue étrangère, exercice d'épure sublime, atteindre le sens dans son noyau, donner toute sa matière au mot, faire corps avec ce qu'on veut dire, cette volonté farouche seule espoir d'être entendu
l'épuisement du corps et de l'esprit chaque soir de cet exercice
et quelquefois pourtant parfaitement comprendre l'incompréhension
aussi pure que le sens qu'on avait réussi à toucher du doigt
aussi violente et douloureuse
les larmes coulent autour de mes yeux
cette solitude si aigüe pour moi hors du sens hors du langage comme chassé vidé exclu définitivement de certaines vies
malgré toute la volonté d'ouverture de compréhension de digestion de l'autre
des morceaux résistent coups de pierres dans l'estomac
mains rugueuses contre ma peau
tellement étranger ici
tellement exposé aussi.

lundi 15 novembre 2010

droiture le désordre naturel de la vie


 4 août : 
les foules qui crient m'ont toujours effrayé, dégoûté. sans doute souvenirs inconscients de guerres, de pogroms, de lynchages... jamais souvenirs d'intelligence, d'humanité.
force extraordinaire avec si peu de discernement, si facilement malléable, manipulable comme un jouet dans les mains d'un enfant.
incompréhension devant des luttes souvent justes souvent belles défendues à coups de cris de beuglements d'aboiements. l'humanité mes frères n'est pas dans la haine aveugle d'une idée abstraite ; elle est dans l'individu, dans le temps à distribuer, à recevoir, dans les yeux de gens qu'on croise, à qui l'on parle quelques secondes, quelques semaines ou quelques années.
la beauté et la force de l'homme sont là. dans la présence immédiate et non négociable à l'individu, quel qu'il soit.
et tout le reste est littérature.


dimanche 14 novembre 2010

Concours Sony, deuxième shoot.

 Vous connaissez désormais bien le Concours Sony (ancien article)

Voici les premiers résultats de la dernière série de prise de vue : on a d'abord refait le projet initial en profitant que les tentes ne soient plus là et en améliorant çà et là quelques petits détails.

Toujours autour de l'idée de l'exposition de soi inconsciente ou revendiquée, légitime ou provoquant, autour du voyeurisme, tendance bien plus répandue que ce qu'on imagine, curiosité malsaine qu'utilise le pouvoir pour la surveillance qu'il exerce toujours un peu plus sur les citoyens mais, fait nouveau, dont ces mêmes citoyens - et pas seulement quelques individus acquis à la cause du pouvoir, mais l'immense majorité de la population - sont à présent à la fois les victimes et les bourreaux.







La seconde image prend du recul par rapport à la première. D'un point de vue plongeant et oppressant, elle pourrait être prise par une caméra de surveillance qui nous dévoile les dessous de l'image qui nous trahissait : il s'agissait d'une mise en scène. Cercle infini on se demande à présent qui a pris la photo de l'homme qui prend la photo ; qui regarde les voyeurs regardant les voyeurs ; cette photo n'est-elle pas à son tour une mise en scène de mise en scène ?...


samedi 13 novembre 2010

le retour en souffrance la difficulté d'exister



3 août :
Morning found us calmly unaware
Noon burn gold into our hair
At night, we swim the laughin' sea

When summer's gone
Where will we be

We had some good times
But they're gone
The winter's comin' on

Summer's almost gone

vendredi 12 novembre 2010

dans les hôtels à la stricte gêne calculée


19 août :
le soir arrivé en ville je me suis cassé le pouce. douleur aigüe, sang, bleu, cri.
les gens m'entoure, je pleure un peu, ils ne comprennent pas. alexis et chloé n'arrivent qu'après un temps.
l'hôpital arménien m'effraie au premier abord, il fait nuit, on demande à observer mon doigt, on me badigeonne, on prend beaucoup soin de moi.
ils veulent me percer l'ongle, faire sortir le sang. finalement ça va.
je pleure de rage, c'était notre seule nuit confortable depuis plus d'une semaine, une nuit dans un lit, avec une douche, avec du temps pour discuter et ne rien faire à la terrasse d'un café. et finalement nous passons la soirée dans un hôpital perdu dans la montagne.
nous rentrons, j'ai mal, je ne peux pas bien me doucher à cause de mon pansement, je dors très peu à cause de mon pouce qui me lance. je me sens seul.
le lendemain matin je sors acheter un petit-déjeuner pour me consoler et je croise un beau vieil homme plein de couleurs. je m'approche près pour le prendre en photo malgré la douleur au doigt ; d'abord surpris il me reconnait, me sourit et me salue. 
ces gestes simples suffisent à me rendre le bonheur et le courage, "plus loin plus loin que la portée de ton sourire confus plus loin"...

jeudi 11 novembre 2010

dissymétries
















16 août :
dissymétrie.
le voyage par essence dissymétrique. et la photo trop géométrique qu'il faut sortir du cadre. faire transpirer.
briser l'ordre, retourner les règles. donner de l'épaisseur.
sortir de, c'est-à-dire donner une épaisseur à quelque chose qui est plat par définition. sortir d'une photo, faire sortir d'une photo, lui donner un haut et un bas, une profondeur.
donner du sens à ce qui est évident.
essayer de conformer, de tordre la technique au regard, de soumettre les droites à l'idée
humaniser le monde.

je suis fatigue aussi


Message envoyé le 20 juillet :

on meurt on n est pas ımmortels

meme moı ca me rend trıste cette hıstoıre de jean
que se passe t ıl precısement ?
que s est ıl passe
que va t ıl se passer
mon petıt dragon jaloux
un jour on n aıme plus on nest plus aıme
on n est pas ımmortels
je suıs a ıstanbul
je suıs creve 
ıls sont tous malades
grıppe vomı fatıgue
vılle ımmense et mechante
couch surfıng de justesse
de la folıe

moı j aımeraıs echapper au cycle du temps de la vıe
etre dıeu
jamaıs je n arrete d aımer
jamaıs on n arrete de m aımer
maıs bıen sur je m expose aux deceptıons que l on saıt
brule les aıles
bouffe le foıe
tourne son rocher
etc etc
enfın c est une hıstoıre quı dure en longueur elle ne se termıne que la ou fınıt la memoıre

je suıs fatıgue aussı
tu es la femme de mes voyages

mardi 9 novembre 2010

et toutes les routes qui ne vont nulle part



















22 juillet :
les trajets en bus qui ne coûtent rien mais qui n'en finissent pas
mes premiers déserts de sel et de sable,
mes yeux écarquillés sur toute cette chaleur cette solitude tout ce sable
les regards attendris et curieux des autres passagers sur moi 
qui ai oublié de prendre de l'eau 
qui photographie tous les palmiers
et toutes les routes qui ne vont nulle part

lundi 8 novembre 2010

la brèche ouverte au cœur de l’armée de nos ennemis les mots

 
19 juillet :
échanges incroyablement silencieux ici
je n'aurais jamais cru que je pourrai me débarrasser de la langue et de son poids morbide castrateur
je vis dans le bonheur libre de mon corps errant où le vent le porte où sa fantaisie l'emmène
débarrassé de la langue et de son poids morbide
des sourires des embrassades des larmes
tout cela passe par le son  bien sûr mais débarrassé du sens
mais débarrassé du monde dans un présent éphémère et intense
comme infusé d'émotion
le voyage

dimanche 7 novembre 2010

bientôt























Message envoyé, 12 août :

mon prochain voyage sera different
plus organise plus d argent
j aurai peut etre une carte de presse ce sera marrant
j ai envie de faire quelque chose comme ca
des reportages
des expeditions
je sais pas...

je t embrasse
-rai bientot

samedi 6 novembre 2010

Masque le jeu


13 juillet  : 
ce sont les enfants qui font la manche, ici. le système fonctionne plutôt bien : les touristes ne résistent pas longtemps à leurs mines affaiblies et malades ; pourtant, malgré les conditions effectivement épouvantables dans lesquelles ils vivent, ces enfants ne font que jouer la misère, mimer la pauvreté. Ou encore : ils se conforment au visage que nous attendons, nous occidentaux, de la faim ; ils jouent la misère comme les occidentaux, les riches, se l'imaginent. Par une hypocrisie tout à la fois intelligente vicieuse et méprisante, jouant leur rôle comme celui d'une pièce de théâtre, prostituant leur image pour la conformer aux stéréotypes préconçus des spectateurs - leur talent, leur virtuosité mimétique déterminant le soir la recette -, ils sont d'habiles acteurs pour tromper, pour profiter des faiblesses de la conscience occidentale mais, se jouant eux-mêmes, ils se jouent de nous. Rien de naturel ici dans toute cette mise en scène, et celui qui ne déchiffre pas les codes est pire qu'un enfant ou un idiot : c'est un touriste, et il paiera de son argent sa bêtise. Décrypter le code de ces enfants c'est rentrer dans leur monde, c'est jouer leur jeu, jouer avec eux ; c'est les respecter, leur donner leur vraie place dans ce monde, les sortir d'une place fictive imaginaire purement mercantile et vénale.

Session toussaint

Pour voir les photos des assemblages une par une et en grand : Album

vendredi 5 novembre 2010

jeudi 4 novembre 2010

mercredi 3 novembre 2010

mardi 2 novembre 2010