13 juillet :
ce sont les enfants qui font la manche, ici. le système fonctionne plutôt bien : les touristes ne résistent pas longtemps à leurs mines affaiblies et malades ; pourtant, malgré les conditions effectivement épouvantables dans lesquelles ils vivent, ces enfants ne font que jouer la misère, mimer la pauvreté. Ou encore : ils se conforment au visage que nous attendons, nous occidentaux, de la faim ; ils jouent la misère comme les occidentaux, les riches, se l'imaginent. Par une hypocrisie tout à la fois intelligente vicieuse et méprisante, jouant leur rôle comme celui d'une pièce de théâtre, prostituant leur image pour la conformer aux stéréotypes préconçus des spectateurs - leur talent, leur virtuosité mimétique déterminant le soir la recette -, ils sont d'habiles acteurs pour tromper, pour profiter des faiblesses de la conscience occidentale mais, se jouant eux-mêmes, ils se jouent de nous. Rien de naturel ici dans toute cette mise en scène, et celui qui ne déchiffre pas les codes est pire qu'un enfant ou un idiot : c'est un touriste, et il paiera de son argent sa bêtise. Décrypter le code de ces enfants c'est rentrer dans leur monde, c'est jouer leur jeu, jouer avec eux ; c'est les respecter, leur donner leur vraie place dans ce monde, les sortir d'une place fictive imaginaire purement mercantile et vénale.
J'ai une question à poser : est-ce que quand tu ne tombes pas dans le piège mercantile et sordide de la fausse pauvreté qui cherche finalement à nous représenter une image acceptable (pour moi) de leur vraie pauvreté (à eux) que nous refusons de voir (sans ce spectacle), toi, donc qui les respecte en ne tombant pas dans leur "jeu" est-ce que tu leur donnes ton argent ?
RépondreSupprimerJe le dis et le redis, les enfants que j'ai vus en tout cas ne manquaient pas d'argent. Plutôt de considération. Je leur ai donc offert plus que des centimes : de l'humanité.
RépondreSupprimerCe n'est pas je pense une image acceptable qu'ils nous proposent, car leur réelle pauvreté n'est pas inacceptable, pas terrifiante, elle est seulement moins conforme.