jeudi 30 septembre 2010

Le désespoir la vie sans limite



17 août :
Dans la nuit les hommes pleins de boissons se jettent du pont ; pas pour mettre fin à leurs jours, non, au contraire pour se sentir vivre plus intensément que nulle part ailleurs.
Cette fois-ci, j'en suis un peu responsable en tant que photographe, j'essaie de refuser, mais je n'arrive pas à l'empêcher de sauter ; je prends alors les photos comme il voulait.
Ici ils n'ont rien à perdre, surtout pas leur vie, s'ils la préservait comme on garde son argent, ils n'auraient plus rien à faire. L'absence même de confort leur confère une énergie et un courage hors du commun.
Un appétit de jouissance sans limite.

Le monde qui s'avance

20 août :
Hors de l'occident riche, la photographie prend un sens nouveau ; alors que chez nous la plupart des gens refusent d'être photographiés (ou, quand ils ne refusent pas, chargent l'acte lui-même d'un si lourd bagage de responsabilités, de légalité que prendre une photo devient un défi à lui seul), cet homme a voulu que je le photographie, il a exigé de moi que je saisisse son image avec mon appareil. Je lui ai laissé le choix de sa pose, son expression. Il arrive souvent qu'on vous arrête pour faire un portrait ou bien pour prendre un groupe d'enfants ou une famille. Cet homme-là s'est tenu très droit et a fermement fixé l'objectif.
Nous n'avons échangé aucun mot ; je suppose qu'il voulait par là témoigner, il voulait que je témoigne de lui, non pas de ses conditions de vie car il était, digne et résolu, fier d'être ce qu'il était, mais plutôt de son existence, il voulait prouver qu'il existait, comme exigeant un reconnaissance d'un monde lointain et mystérieux dont on n'entend là-bas que de vagues rumeurs et dont j'étais le direct représentant. Comme pour prouver qu'il existait - et donc qu'on pouvait exister - hors de la sphère des technologies, des communications, des villes gigantesques ; simplement je prouvais la trace d'une existence, d'une résistance, passive et paisible mais ferme, une résistance au monde qui s'avance.
A moins que, plongeant ses yeux dans mon appareil photo, il ait voulu regarder tout l'occident saisir un peu de ce mystère dont on entend tant parler et qu'on ne voit jamais ; ou que, son visage reproduit par la photographie, nous fixant encore aujourd'hui, depuis la photo, depuis l'écran, il ait voulu nous observer et analyser dans une curiosité enfantine un univers encore inconnu.

mercredi 29 septembre 2010

l'inépuisable regard


31 juillet :
les regards souriants ou les regards méfiants de tout le village pèsent sur moi comme un énorme fardeau.
je ne sais plus comment communiquer avec les gens, je m'épuise en gestes inutiles, je crois que toute communication est coupée, impossible à établir. nos fossés sont trop profonds pour être remplis par quelqu'un comme moi ; je suis trop petit pour ce travail. les regards d'incompréhension, de défiance ou même les regards amicaux me fatiguent parce qu'ils ne me comprennent pas.
je touche au fond du désespoir de l'homme moderne, tous mes mots tapent dans ma tête ; tout le bourdonnement de l'occident meurt en moi dans un bruit assourdissant. j'abolis la parole, j'abolis le sens
il me faut fermer les yeux, respirer ; quand je les ouvre, ces enfants m'entourent avec leurs yeux pétillants et curieux, c'est un bonheur simple d'avoir un sourire, et il faut apprendre à s'en satisfaire.
je reviens au plaisir du geste, à l'éthique du visage, à la simplicité du sourire
cette gratuité de la bienveillance c'est le bonheur le plus simple du monde, le principe du bonheur réduit à sa plus simple expression

mardi 28 septembre 2010

l'ennui


16 août :
par leur position géographique, ces pays sont une terre fertile en mélanges des cultures qui les entourent.
entre la méditation orientale et l'agitation occidentale ces pays du Moyen-Orient sont en train d'évoluer ; la situation actuelle, éphémère et précaire, est étrangement baignée d'ennui, un idéal passé est voilé par un désir nouveau...
ils regardent les livres que je lis avec autant d'étonnement que je les regarde perdre le temps qu'ils auraient pu passer à méditer, à penser ou à prier.
il y a bien encore des vieux et des jeunes qui perdent leur temps intelligemment en thés sur les terrasses des magasins, mais le cœur n'y est plus comme peut-être autrefois il était, et ce n'est finalement qu'une manière de déguiser leur inactivité et leur consciente tristesse de ne rien faire.
et ici, contrairement à ce que je pensais, on ne regarde pas la télé. on attend la société, on attend l'évolution, on attend le changement ; on s'ennuie.

lundi 27 septembre 2010

Etranger, touriste


3 juillet :
L'Albanie est, parait-il, le pays le moins touristique du monde.
C'est vrai qu'en arrivant on se sent immédiatement étranger. Le rapport des gens avec nous est étrange : ils sont partagé entre la colère jalouse, la convoitise malsaine, l'enfantine curiosité, la chaleur sincère et simplement l'indifférence à ce qui ne changera pas leur vie, de toute façon... Malgré moi, ces attitudes, ajoutées à l'ambiance générale du pays, ne sont pas faites pour me rassurer.
Qu'importe, après tout ! Je ne suis effectivement pas albanais, et je ne suis pas venu ici en stop pour être accueilli par des moniteurs de Club Med... Pourquoi je voudrais qu'on me reconnaisse et qu'on m'aime à peine arrivé ? Rien n'est donné à personne, ici moins qu'ailleurs.
Il faut savoir être étranger et parler aux gens sans essayer de gommer nos différences, au contraire les revendiquer et s'en faire un atout. Assimiler celles des autres, les aimer pour ça. Eliminer, en moi comme en eux, la peur de l'autre.

Scarifications le paysage


17 juillet :
Mon premier désert de sel.
Comme une immense banquise frêle et fragile, mes pieds s'enfoncent dans la vase. L'horizon est d'une violence muette, d'une force langoureuse ; je me perds dans son immensité, j'affronte le soleil sans plus l'aide de rien ni de personne.

dimanche 26 septembre 2010

samedi 25 septembre 2010

Les déjeuners


20 août :
Vos déjeuners sont si beaux ; leur simplicité vaut tous nos conforts.
Ces gens, qui me donnent même ce qu'ils n'ont pas et qui m'offrent des choses dont ils se privent eux-même, prouvent qu'il existe quelque chose de plus important que l'argent, la matière, le comptable : l'humain.
Ces gens enseignent dans le silence la tranquillité avec laquelle on ne survivrait pas au déshonneur de laisser dormir un homme dehors.

Hypocrisie des religions


Quelqu'un, à propos des photos :

This is a big scandal

Please
Clear photographs of my family, please
This is a shame
We thought that the pictures just for you in order to retain their
This is a major sin
You have revealed the faults of my mother and sister for all human beings
And this we have forbidden

vendredi 24 septembre 2010

mais à quoi bon trompettes des saisons


4 août :
sur les routes fragiles où je circule des milliers de camions déjà ont laissé leurs traces

vaisseaux fantômes où allaient-ils ?
et moi qui m'attendra au bout de cette route ?

Que la nature est belle et que le coeur me fend...


3 juillet :
Vu de la route où tout défile, le bord a l'air si calme et si serein...
Mais pour moi le bonheur est dans le mouvement, dans l'accélération, la surenchère... Ce n'est pas une fuite ou par peur de la mort comme Pascal voudrait nous le faire croire : au contraire, c'est par défi ; frôler le démon toujours de plus près, lui rire au nez.
Alors seulement je connaitrai la vraie liberté ; et la vraie angoisse.

Voyager se perdre


26 juillet :
ça y est je pars seul. je suis seul maintenant.

je ne sais pas où la route m'emmène ni pourquoi je suis là.
seul le mouvement me fait exister, me fait sentir vivant.
j'avance.
demain la syrie, un nouveau monde, des nouveaux codes.
demain je serai vraiment
perdu
perdu plus qu'il est possible de se perdre de nos jours

jeudi 23 septembre 2010

Jeux d'enfants


L'enfance est un mot qui n'a pas le même sens, là-bas, qu'ici. Les enfants sont plus libres et indépendants que nous pouvons nous croire ; plus imaginatifs, plus en prise aussi aux problèmes réels. Il n'y a chez eux de peur de l'avenir ou du présent, nulle frayeur de l'étranger ; seulement une énergie de jeu hors du commun. Ils sont libres et heureux, non d'ignorer pas le monde tel qu'il est vraiment (comme on croit préserver nos enfants en leur faisant croire au Père Noël) mais au contraire d'avoir une connaissance exacte et sans compromis d'une réalité dure mais qu'ils dépassent finalement avec légèreté.
La gravité de leur monde leur a donné cette puissance - stoïcienne et spinoziste - de dépasser ses contraintes et d'en faire un jeu grandeur nature.
Si l'exercice est parfois terrible, souvent triste, ces enfants ont choisi de jouer avec la réalité, de jouer la réalité.
Et leur beauté réside dans ce sourire de défi triste.

mercredi 22 septembre 2010

Ailleurs la route


le linge aux flammes blanches rit dans sa langue d’alcool
et l’insecte voiture d’enfant plie bagages et ressorts
il s’en va sur la route imberbe où la parole brode le liège
et l’arbre suce la résine aux gamelles des cœurs torrides

[...]

les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous marchons pour échapper au fourmillement des routes
avec un flacon de paysage une maladie une seule
une seule maladie que nous cultivons la mort
je sais que je porte la mélodie en moi et n’en ai pas peur
je porte la mort et si je meurs c’est la mort
qui me portera dans ses bras imperceptibles
fins et légers comme l’odeur de l’herbe maigre
fins et légers comme le départ sans cause
sans amertume sans dettes sans regrets sans
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous ferons sonner en nous les verres cassés
les monnaies d’argent mêlées aux fausses monnaies
les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête
aux portes desquelles pourraient s’ouvrir les gouffres
les tombes d’air les moulins broyant les os arctiques
ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel
et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu

[...]

les routes sourdes perdaient leurs ailes
et l’homme grandissait sous l’aile de silence
homme approximatif comme moi comme toi et comme les autres silence

Oasis


gardien des immatérielles masures du repos
bouteille sur la vague enceinte de monstrueuses immortalités
tu portes enfermée dans le secret de tes entrailles la clé des immenses coïncidences
tu ne laisses pénétrer aucune convoitise par les craquelures de la tribu des fruits
mais l’éternelle agitation nous est lumière commune
et d’âge en âge nous enchaîne à ses rêves constellés d’épis
paix sur le dehors de ce monde renversé dans le moule des unanimes approximations
et sur tant d’autres et sur tant d’autres

mardi 21 septembre 2010

Murs fragiles


22 juillet :
Voyager, et d'autant plus voyager en stop, c'est s'exposer, c'est prendre des risques. On prend le risque de l'urgence, le risque du temps qui file, de la réalité qui enfle et de nos yeux qui ne sont pas assez grands pour tout voir, pour tout regarder et admirer.

C'est la beauté du voyage, cette urgence de vie, c'est sa beauté ces univers furtifs, ces vies évanescentes, ces relations à peine esquissées évanouies ; c'est son bonheur, ce flou qui noie tous nos sourires si francs.

lundi 20 septembre 2010

La conscience occidentale


20 Juillet :
Comment ne pas m'identifier à ce garçon ? Moi aussi je viens dans des pays pauvres que je ne connais pas et je photographie la misère.
Je ne profite pas, je ne ris pas, seulement cet homme étalé dans une rue sordide est passé dans ma vie. Je ne peux pas ne pas en parler ; je ne peux pas ne pas m'en souvenir.
Je ne parle pas de témoignage ou de reportage. Seulement de ce qui est passé dans mon œil et dans mon appareil photo.
Il reste alors cette image de la mauvaise conscience d'avoir passé par là ; de la nécessité de dire ce que j'ai vu.

Dortyol


Que dire, que penser quand on dort dans un parc une nuit ; qu'on se réveille et la ville est pleine d'yeux méfiants et de soldats ; que dans la nuit, on comprend, un attentat a tué quatre policiers ?
On se retrouve au milieu de la ville sans rien savoir, sans rien connaître, sans pouvoir demander ni répondre, on ne peut que sentir la violence qui est imprimé dans les murs, dans les gens et même dans l'air qui passe...

dimanche 19 septembre 2010

Adolescence : sortir du discours d'autorité



Exposition : "Ruptures-Ados"...
Le titre, s'il réunit deux termes très à la mode ces temps-ci, aurait pu présenter un aspect intéressant d'une réalité malgré tout digne d'attention, si l'exposition avait été mieux organisée et mieux pensée. En effet, l'exposition du musée Carnavalet, nous apprend-on à force de redondance, réunit "des pointures" du monde de la photo... C'est vrai, il y a par exemple Sarah Moon ou Luc Choquet, mais la scénographie de l'exposition gâche ces potentiels : chacun présente entre une et quatre photographies seulement et sur un seul mur, coincé entre les œuvres permanentes du musée (assez peu en phase avec le sujet, d'ailleurs)... De plus, un grand nombre de photos sont banales, voire dangereusement véhiculaires de stéréotypes tristement éculés : l'ado est en quête d'identité, l'ado est avec ses "potes", l'ado est inquiet de son image...
Pourtant entre des photos réussies mais manifestement issues de séries mutilées qui n'arrivent plus "à fonctionner" et des images phantasmatiques de l'adolescence vue par des photographes peut-être trop vieux pour être pertinent, il y a quelques photographies intéressantes, comme - entre autres - celles de Kate Barry ou de Nicolas Guérin, qui ont su sortir le sujet des ornières profondes qu'ont creusé les discours qu'on nous assène à longueur de journée à propos des "ados" et le transformer en quelque chose d'à la fois plastique et intelligent...

samedi 18 septembre 2010

La fierté d'exister

Ces enfants ne sont pas battus ni exploités par personne ni usés par la mine ou les disettes ; ils font seulement un travail humiliant et personne ne les regarde et personne ne leur parle. Il a suffit de leur parler et d'une photo pour voir briller dans leurs yeux la fierté d'exister pour quelqu'un quelque part.

Enfants cireurs

Il y a tellement de différence entre ces enfants travailleurs et moi ; il y a tellement de choses à apprendre d'eux, et tellement de murs entre nous. Ils ont pourtant une curiosité incroyable à propos de tout ce qu'on pouvait faire ou dire ; j'aurais voulu les écouter, leur parler, profiter de cette énergie incroyable et de cette avidité de découverte qu'on lisait dans leurs gestes.

Massacre de Srebenica

Que la ville est calme et belle quand nous arrivons à Sarajevo alors que le pays commémore le pire massacre qu'ait connu l'Europe depuis 1945.
Quelle pudeur et quelle dignité !

vendredi 17 septembre 2010

Vendeurs de mouchoirs


A l'intérieur de la voiture, tout est confortable ; à l'extérieur bien sûr il y a le monde, et je ne l'oublie pas. Et lui non plus ne m'oublie pas. Nous nous croisons, légèrement surpris, puis il y a des sourires et des saluts de la main. C'est une région paisible et simple qui est heureuse de faire don de tout ce qu'elle a à ceux qui viennent la voir.

berger des vagues chevauchant vers quel but coupeur de drames

berger des pluies voyageant de pays en pays
berger des tristesses déraisonnables qui nous voilent périodiquement
berger qui mène nos destins dans tant de sens
que parfois ils se rencontrent si souvent ils se côtoient
[...]
le loup embourbé dans la barbe forestière
a trouvé son berger l’immobile berger
celui qui mène tous les yeux plantés au faîte des acropoles mouvantes de la foi
le berger des incommensurables clartés d’où naissent la vie et la dérive
il se lève
émigre vers les célestes pâturages des mots

L'accueil


La peur de ces pays est quelque chose qu'il faut que vous effaciez de vos esprits : l'inconnu y est accueilli mieux que dans tous nos pays "civilisés". Et, dormant dehors, je m'y suis senti plus en sécurité qu'en aucun endroit de chez nous.

mercredi 15 septembre 2010

Le regard des femmes

On dirait que seul le bébé ose regarder le photographe ; ou que le photographe n'ose regarder que le bébé.

Désert


Le car s'arrête au milieu du désert ; il fait très chaud, il n'y a rien tout autour, presque pas de route, pas d'autre en tout cas que celle qu'a prise et que va prendre le car ; une voiture attend pourtant ; une famille sort ; monte dans la voiture ; le car repart.

Miral


Miral impose le silence parce que c'est un film silencieux, un silence. Ou plutôt : c'est un chuchotement. Il n'estime pas que pour parler de choses terribles - le déportation, la mort, le meurtre, la guerre - il faille hurler, brailler, aboyer comme des animaux. Le son n'est plus là pour signifier le sens de l'image, pour en épaissir un peu plus l'évidence (au contraire par exemple Des hommes et des dieux qui, pour signifier la foi, explose les baffles de musique sacrée), il réfléchit ce qui se passe à l'écran, lui répondant mais ne l'illustrant pas, dans une sorte d'écho décalé qui enraye les passions et donne à réfléchir.
Le son réfléchit l'image comme le cinéma réfléchit l'action qu'il montre. Il réfléchit en mêlant images et son qui n'est pas cri ou qui n'est pas surenchère. Qui est parole, suggestion. Ce film n'assomme pas, n'assène pas : il propose. Et les images aussi sont le reflet de cette démarche de réflexion, de recherche : par ses multiples essais visuels (de mise au point, de flou d'objectif, d'abstraction, notamment cette scène de viol paradoxalement plus violente parce que rien n'est montré au spectateur)...
Cette démarche était essentielle pour un film qui s'attaque à un problème aussi complexe que celui du moyen-orient même si elle est déstabilisante pour un spectateur habitué à recevoir des images déjà digérées, des débats où les idées sont déjà tranchées, des films qui pensent à leur place...

Bosnie, entre nouvelle et ancienne génération


C'est une étrange chose que la guerre, quand elle sort des livres d'histoire ou des faits divers sordides, que quelqu'un vous en parle, qu'il ne l'a pas réclamée, qu'il a perdu sa maison, qu'il n'en a pas rancœur et qu'il pense à l'avenir...

lundi 13 septembre 2010

Photos de voyage

Activité qui va remplir mes temps perdus, si j'en trouve : l'organisation et le traitement des photos que j'ai prises cet été.
Je les posterai alors ici dans un ordre anarchique, à mesure que je les traite, en attendant qu'un cadre, une idée en moi se précise pour donner de la cohérence à tout ça...
Travail en cours.


Ici, une photo prise à Istanbul. (cliquez pour agrandir)

dimanche 12 septembre 2010

Des hommes et des dieux

Trop de films méprisent la qualité des images qui les constituent. C'est peut-être que le cinéma veut marquer sa différence avec la photo, image fixe, dont l'observation prolongée analyse les qualités techniques et esthétiques. Ou peut-être pense-t-on que l'image passant vite, le spectateur n'aura pas le temps de se rendre compte, ou bien qu'absorbés par l'histoire narrée, nous ne porterons pas attention à la beauté de l'image. C'est dommage.
Pourtant ce n'est pas le cas dans ce film, grand prix du jury cette année à Cannes, dont l'image est impeccable, surprenante de beauté ; le rythme très lent du film nous invite de surcroît à contempler chaque moment du film qui se déroule à l'écran comme une grande projection de photos...

Et si j'ai des réserves à émettre sur l'histoire, justement, le fond politique à propos des terroristes, l'absence même de fond sur la colonisation française (hormis un commentaire du gouvernement préalablement désigné comme "corrompu"), ou sur l'organisation narrative, l'image seule (et le son, évidemment, qui est très bien intégré comme dans cette scène du Lac des Cygnes) vaut le détour et l'admiration.

samedi 11 septembre 2010

Belle ville

Je suis un tout nouvel habitant de Belleville.
C'est un quartier qui a une très forte identité - et, chose paradoxale et fascinante à la fois, c'est une identité qui s'épanouit dans la diversité -, identité assez surprenante pour moi qui ne connait pas Paris : grand brassage ethnique, ambiance de quartier, solidarité tangible, tolérance et respect de toutes les minorités (on dirait que le quartier n'est composé que de minorités : il n'y a personne, pour avoir cet esprit arrogant et détestable de "majorité"), murs d'expression où les taggeurs viennent travailler en plein jour...
Je pense qu'une partie conséquente des photos que je ferai cette année seront supportées ou inspirées par ce quartier qui est dorénavant mon quotidien. Quelques unes, d'ailleurs, sont déjà prises, je les publierai dès que je les aurai en fichier numérique.

mercredi 8 septembre 2010

Introduction

Ce carnet de bord a pour objectif de relever au jour le jour les émotions visuelles - ou autres, s'il y a lieu - qui peuvent avoir une incidence sur la pratique photographique que j'essaie de développer, ou qui la révèlent.
Rues, visages, murs de la ville, lumières, situations, tout peut être sujet de contemplation au quotidien ; ce sont ces instants qu'il faut savoir savourer et, quand on est photographe, qu'il faut savoir saisir et traduire.
Ce que j'essaierai de faire ici, commentant les images frappantes que j'aurai croisées et dont je publierai une photo si je peux...