lundi 31 janvier 2011

dimanche 30 janvier 2011

Reportage - la salle à manger commune


Guns



































Frank Rothe étudie le rapport qu'entretiennent ses allemands de compatriotes avec les armes. Une série édifiante, mais il parait qu'il ne faut pas y voir de violence ou de polémique (pas de politique non plus alors ?), difficile...

samedi 29 janvier 2011

L'âge le temps le temps

Une série amusante de Diego Goldberg, le projet d'une vie, ça fout quand même un coup de voir la série entière. La relation ineffable entre la photo et le temps qui passe.

jeudi 27 janvier 2011

La chambre


























Chacun une chambre de six mètres carrés, encombrée de tous leurs souvenirs, de toute leur vie, intolérable d'exiguïté ; pas de travail, des murs délabrés, des locaux infâmes dans une vague banlieue de Paris, des loyers exorbitants. 

Reportage : Planche-contacts 1


Je sais qu'on ne voit pas grand-chose, c'est en attendant les premiers tirages...

dimanche 23 janvier 2011

samedi 22 janvier 2011

jeudi 20 janvier 2011

Turn around, turn around, turn around


And you may come full circle
And be new here again

mercredi 19 janvier 2011

dimanche 16 janvier 2011

ma propre mort

























et moi je ne suis qu'un corps perdu ; naviguant à vue, sans espoir de terre. et moi mes doigts sont brûlés, le monde ne se laisse pas capturer si facilement. il faudrait plus d'audaces plus de courage plus de folies. mais que m'importent leurs vies sans risque, leurs vies tranquilles où tout dort gentiment, où tout est propre ? la vie sans folie, sans avidité sans soif n'est pas digne d'être vécue. je veux tout avaler jusqu'à me noyer, dévorer tous mes rêves jusqu'à m'y noyer. mais je m'épuise à ce jeu, aperçois mes propres limites, ma propre mort.
ma propre mort : et qu'au moins ma chute soit beauté.

samedi 15 janvier 2011

Des chapelets de pendus


"Tous ces pauvres gens morfondus,
Roulant des pensers qu'on ignore,
Dans des tourbillons éperdus
Voltigent, palpitants encore.
Le soleil levant les dévore.
Regardez-les, cieux éblouis,
Danser dans les feux de l'aurore.
C'est le verger du roi Louis.

Ces pendus, du diable entendus,

Appellent des pendus encore.
Tandis qu'aux cieux, d'azur tendus,
Où semble luire un météore,
La rosée en l'air s'évapore,
Un essaim d'oiseaux réjouis
Par-dessus leur tête picore.
C'est le verger du roi Louis."

vendredi 14 janvier 2011

tu cours tu cours tu fuis
























tu vas trop vite tu vis trop vite. tu touches tout ce qui t'entoure, tu regardes mais tu ne savoures pas. le temps t'échappe et toi tu crois lui échapper ta mémoire s'enfuit alors que tu accélères encore. tu veux voir le monde entier sans jamais dormir mais tu ne sais pas la valeur des mots. tu ne prends même pas le temps des mots tu évites ta vie tu meurs en fait petit à petit. tu sais pourtant que tu ne peux pas embrasser tout le monde en même temps. tes bras sont trop courts, et ton souffle saccade.

jeudi 13 janvier 2011

des airs ahuris des croissants de lune

Le Prix FotoVisura 2010


Les six nominés du concours FotoVisura. Dont trois très belles séries en noir et blanc.

mercredi 12 janvier 2011

You can't party your life away

We are watching you


Vous me direz "encore quelque chose sur Google Street"... Peut-être, mais je trouve ici le traitement intéressant, le découpage en petits carrés, l'intégration de notre réalité et de nos vies dans des cases de plus en plus exiguës. Prises au plus près avec humour, avec tendresse, Michael Wolf se sort bien de ce sujet déjà vu et revu.

mardi 11 janvier 2011

Les mots sont des planches...
























jetées sur un abîme avec lesquelles on traverse l'espace d'une pensée qui souffre le passage et non point la station ; l'homme en vif mouvement les emprunte et se sauve mais s'il insiste le moins du monde ce peu de temps les rompt et tout s'en va dans les profondeurs.

Hoznosti Dialogu


Court métrage méconnu, inconnu - polonais ?
La maison s'excuse pour la qualité médiocre, plus que rédhibitoire. Une version de meilleure qualité est disponible sur demande.

lundi 10 janvier 2011

entrelacs

Condensation








de Image et phantasmes
de Robert Castel, 
article de conclusion à
Un art moyen 
publié sous la direction de Bourdieu

                 
           
               Ce qui frappe dans la photographie, et ce qui est donc intéressant, c'est qu'elle entretient un rapport très puissant et très ambivalent avec beaucoup de gens : dès l'année de son invention, elle a été à la fois reçue comme une réponse à un besoin vital et, dans le même temps, elle était violemment rejeté comme sacrilège par des intellectuels comme Baudelaire, par exemple. La photographie a toujours eu une souplesse d'usage et d'interprétation incroyable, mais aussi une résistance profonde et obstinée à une lecture unilatérale. La photographie est toujours complexe, ainsi socialement elle exprime toujours plus que ce qu'elle représente, symbolisant les valeurs profondes d'un groupe. Complexe et jamais neutre, la photographie provoque des réactions parfois hors normes parce qu'elle est l'intermédiaire entre l'objectivité officielle et le phantasme pathologique, parce qu'elle révèle l'ambivalence profonde de l'homme à son image.
                
                I Un symbole surinvesti
               
               Représentant la réalité, la photographie peut parfois paradoxalement s'affranchir du réel et devenir le support à une rêverie délibérée ; mais si cette rêverie est possible, c'est pour mieux répondre aux exigences du principe freudien de réalité : la photographie assume alors, à l'instar de l'imagination en général, la fonction de revanche par rapport au réel. Malgré son absolue irréalité par rapport à nos perceptions, la photographie peut provoquer la rêverie grâce à son rapport particulier avec la présence et l'absence : en effet, la photographie est ce médium qui montre, par un objet présent, un objet absent en tant qu'il est absent ; dans un vertige temporel, la photographie exige un rapport au temps très élaboré puisqu'elle représente un moment présent à l'instant où il bascule dans le passé.
                La photographie est aussi un choix volontaire, un tri conscient dans le champ de la perception ; elle est alors une classification volontaire du passé, de ce qui est digne d'être conservé, de ce qui est donc perçu comme digne d'être photographié, selon des normes idéologiques, éthiques et esthétiques : elle exprime un jugement d'importance, elle est le symbole d'un ethos de groupe.
                Mais la photographie n'est pas un moyen de représentation comme les autres, on découvre à son égards des résistances profondes : par exemple, le scandale provoqué par les premières photos  de nus, pourtant en tout point semblables aux peintures et aux sculptures, révèle l'aspect agressif de la photographie, comme si elle véhiculait plus de signification que la peinture, ou comme si, objet plus familier, on ne parvenait plus à distancier assez la photographie. En fait, ce n'est pas l'objectivité qu'exprime la photographie, c'est l'authenticité : la photographie ne reproduit pas un événement, elle le fixe, c'est-à-dire qu'elle a réussi à supprimer l'étape de la reproduction intentionnelle (l'intentionnalité est alors rejetée avant et après l'acte de reproduction, laissée tout entière à la technique). Elle est ainsi investie d'un coefficient de réalité concrète très important, ce qui lui permet d'approcher le modèle réel le plus près possible de l'imagination.
                En tant qu'elle est l'absence réelle, la présence familière et authentique de la réalité en son absence, la photographie entretient aussi un rapport ambigu avec la justice : elle peut à la fois être son alliée en tant que témoignage judiciaire et son ennemi en tant qu'elle menace le droit à l'image. Le fait même que ce concept de droit à l'image ait pu être accepté alors qu'il va à l'encontre des principes du libéralisme économique omniprésent est la preuve que la photographie touche un noyau de l'intimité qui résiste et qui peut provoquer des réactions irrationnelles, révélant le rapport conflictuel de l'homme avec son image (dans l'inconscient collectif, des mythes comme celui d'Orphée ou de Narcisse traduisent la peur de l'homme d'être mis en danger par son image). Ainsi, la photographie semble recouvrir le champ des conduites magiques les plus archaïques comme, par exemple, quand elle est utilisée comme substitut à la réalité.
               
               II Phantasmes latents et images manifestes
               
               Par ce biais, la photographie semble toucher aux pathologies psychanalytiques et, même si dans les faits il semble que le symbole photographique et le symbole pathologiques ne soient pas du même ordre, que le nombre de personnes qui ont effectivement des relations pathologiques graves avec la photographie est petit, ces relations logiques de cas-limites pourront par la suite nous éclairer sur le "comportement normal" que la plupart des gens entretiennent avec la photographie.
                Ainsi,  alors que toute pathologie de l'imagination se caractérise par la coupure chronologique du passé, la photographie est la cristallisation a-temporelle d'un événement, c'est-à-dire que dans la photographie, la temporalité fixée n'est plus un devenir, mais un discontinu sans succession, : la photographie organise en fait une temporalité détemporalisée. De même, la perversion est définie en tant que phantasme qui a perdu son caractère ludique, en tant que brouillage de la frontière entre imaginaire et réel de telle sorte que la satisfaction réelle s'accomplisse sur des objets imaginaires, notamment dans le cas de fantasmagories érotiques et fétichistes  or, la photographie semble se prêter au rôle de support du fétichisme étant donné sa forte propension à déréaliser ce qu'elle représente, à le couper du réel.
                La perversion sexuelle est aussi l'impuissance à socialiser son désir, et l'on comprendra aisément que la photographie pornographique, c'est l'image d'un corps sans le danger de sa liberté. La photographie favorise donc à la fois les perversions narcissiques et les perversions de l'altérité, à la fois l'exhibitionnisme et le voyeurisme.
                Mais comme nous le disions, pour de nombreuses raisons, la photographie bloque l'accès aux pathologies. A l'exact milieu entre rêverie opaque et symbolisme objectif, finalement plus fantasmatique que phantasmatique, l'image photographique est intéressante parce qu'elle présente beaucoup d'homologies avec l'image inconsciente, proposant à la fois  un sens et une traduction du réel.
               
               III Exorcisme et sublimation
               
               La symbolique de la photographie s'enrichit aussi d'être mise en contact avec la société dans laquelle elle évolue : art visuel moderne, elle favorise évidemment la vue, que nous percevons comme le plus noble des sens parce qu'il permet la distance et la contemplation ; la fixation affective se fait à distance et par le fait même de cette distance, c'est-à-dire  par sublimation.
                Cependant, la photographie s'oppose aux pathologies névrotiques du temps parce qu'elle est le médium qui organise la temporalité et qui lutte rationnellement contre la fuite du temps ; tout au plus induira-t-elle un comportement  nostalgique. La photographie reste toujours du côté social de la contemplation, c'est pourquoi elle a été tolérée et même promue par la société ; et si elle entretient des rapports avec des pathologies psychanalytiques, c'est peut-être parce qu'elle joue ce que la maladie mentale prend si tragiquement au sérieux, peut-être montrant les phantasmes pour les exorciser. Ainsi, dans le rapport de l'homme au temps, l'homme doit conjurer non seulement la mort mais aussi toute expérience de la temporalité (l'éloignement, le changement affectif, le vieillissement...) et pour cela, la photographie est une hygiène mentale : on se garantir sur son passé en se construisant son musée personnel, on tente de se souvenir pour pouvoir oublier avec bonne conscience.
La photographie est à la fois une activité intime et une activité qui se réalise dans une légitimation sociale, elle assume ainsi une fonction intermédiaire dans la régulation et la discipline de la vie subjective : par exemple, dans le travail du deuil, la photographie occupe un cérémonial à fonction sociale, aide l'être cher "à vivre dans le souvenir", seule manière de rationaliser la mort et de continuer à vivre.
                En tant qu'expression de l'intime devant la société, la photographie bien sûr n'est jamais parfaite ; cette imperfection fonde peut-être finalement son ambivalence : ce que symboliserait alors la photographie, serait le vertige d'une subjectivité qui n'a pas de langage mais qui, parce qu'elle représente toujours le réel, empêche le basculement dans la pathologie psychanalytique.

samedi 8 janvier 2011

vendredi 7 janvier 2011

jeudi 6 janvier 2011

Dégagez-vous du sens, y compris de la transgression comme sens !

Souvenirs zapatistes



































Une très belle série sur ceux qui ont vécu la révolution au Mexique, ceux qui ont connu Zapata. Des visages plein de dignité, usés par le temps et les malheurs. Par Jon Guido Bertelli.

lundi 3 janvier 2011

Collection personnelle

Une nouvelle page, mon "Musée intérieur" (onglet en haut de la page) : les photos qui me touchent, sans aucune autre contrainte, mon panthéon intime de photographes connus ou non, leurs photos les plus célèbres ou non. L'ordre de la jouissance barthésienne. En espérant vous les faire partager.

La chaise de Van Gogh où tu ne t'assieds plus

The holy economic war




























Pour changer, autre chose que des femmes nues : de l'architecture. Surpris par ces deux jeunes photographes français totalement inconnus (de moi, en tout cas), Romain Meffre et Yves Marchand qui prennent en photo une des villes les plus riches des Etats-Unis il y a quelques années, Detroit, maintenant complètement laissée à l'abandon. Des photos très graphiques, impressionnantes, on dirait parfois que la ville a été fuite, on a parfois l'impression, comme les photographes le disent, d'être à Tchernobyl. Ville fantôme, mouvements paniques qui témoignent sans doute de notre époque et de notre instabilité.

I'm lost

samedi 1 janvier 2011

Etonné d'être encore debout

La revanche de l'immortel

 Pour les puristes, le texte intégral de Duhamel :

"C’est un divertissement d’ilotes, un passe-temps d’illettrés, de créatures misérables, ahuries par leur besogne et leurs soucis. C’est, savamment empoisonnée, la nourriture d’une multitude que les Puissances de Moloch ont jugée, condamnée et qu’elles achèvent d’avilir.
Un spectacle qui ne demande aucun effort, qui ne suppose aucune suite dans les idées, ne soulève aucune question, n’aborde sérieusement aucun problème, n’allume aucune passion, n’éveille au fond des cœurs aucune lumière, n’excite aucune espérance, sinon celle, ridicule, d’être un jour « star » à Los Angeles.
Le dynamisme même du cinéma nous arrache les images sur lesquelles notre songerie aimerait s’arrêter. Les plaisirs sont offerts au public sans qu’il ait besoin d’y participer autrement que par une molle et vague adhésion. Ces plaisirs se succèdent avec une rapidité fébrile, si fébrile même que le public n’a presque jamais le temps de comprendre ce qu’on lui glisse sous le nez. Tout est disposé pour que l’homme n’ait pas lieu de s’ennuyer, surtout ! Pas lieu de faire acte d’intelligence, pas lieu de
discuter, de réagir, de participer d’une manière quelconque. Et cette machine terrible, compliquée d’éblouissements, de luxe, de musique, de voix humaines, cette machine d’abêtissement et de dissolution compte aujourd’hui parmi les plus étonnantes forces du monde. J’affirme qu’un peuple soumis pendant un demi-siècle au régime actuel des cinémas américains s’achemine vers la pire décadence. J’affirme qu’un peuple hébété par des plaisirs fugitifs, épidermiques, obtenus sans le moindre effort intellectuel, j’affirme qu’un tel peuple se trouvera, quelque jour, incapable de mener à bien une œuvre de longue haleine et de s’élever, si peu que ce soit, par l’énergie de la pensée. J’entends bien que l’on m’objectera les grandes entreprises de l’Amérique, les gros bateaux, les grands buildings. Non! Un building s’élève de deux ou trois étages par semaine.
Il a fallu vingt ans à Wagner pour construire la Tétralogie, une vie à Littré pour édifier son dictionnaire. Jamais invention ne rencontra, dès son aurore, intérêt plus général et plus ardent. Le cinéma est encore dans son enfance, je le sais. Mais le monde entier lui a fait crédit. Le cinématographe a, dès son début, enflammé les imaginations, rassemblé des capitaux énormes, conquis la collaboration des savants et des foules, fait naître, employé, usé des talents innombrables, variés, surprenants. Il a déjà son martyrologe. Il consomme une effarante quantité d’énergie, de courage et d’invention. Tout cela pour un résultat dérisoire. Je donne toute la bibliothèque cinématographique du monde, y compris ce que les gens de métier appellent pompeusement leurs « classiques », pour une pièce de Molière, pour un tableau de Rembrandt, pour une fugue de Bach...
Toutes les œuvres qui ont tenu quelque place dans ma vie, toutes les œuvres d’art dont la connaissance a fait de moi un homme représentaient, d’abord, une conquête. J’ai dû les aborder de haute lutte et les mériter après une fervente passion. Il n’y a pas lieu, jusqu’à nouvel ordre, de conquérir l’œuvre cinématographique. Elle ne soumet notre esprit et notre cœur à nulle épreuve. Elle nous dit tout de suite tout ce qu’elle sait. Elle est sans mystère, sans détours, sans tréfonds, sans réserves. Elle s’évertue pour nous combler et nous procure toujours une pénible sensation d’inassouvissement. Par nature, elle est mouvement; mais elle nous laisse immobiles, appesantis et comme paralytiques.
Beethoven, Wagner, Baudelaire, Mallarmé, Giorgione, Vinci – je cite pêle-mêle, j’en appelle six, il y en a cent, voilà vraiment l’art. Pour comprendre l’œuvre de ces grands hommes, pour en exprimer, en humer le suc, j’ai fait, je fais toujours des efforts qui m’élèvent au-dessus de moi et qui comptent parmi les plus joyeuses victoires de ma vie. Le cinéma parfois m’a diverti, parfois même ému ; jamais il ne m’a demandé me surpasser. Ce n’est pas un art, ce n’est pas l’art."


Georges Duhamel, Scènes de la vie future