samedi 18 septembre 2010

La fierté d'exister

Ces enfants ne sont pas battus ni exploités par personne ni usés par la mine ou les disettes ; ils font seulement un travail humiliant et personne ne les regarde et personne ne leur parle. Il a suffit de leur parler et d'une photo pour voir briller dans leurs yeux la fierté d'exister pour quelqu'un quelque part.

12 commentaires:

  1. C'est passionnant ce que tu fais. Je ne parle pas nécessairement du fond, mais de la démarche, du fait que tu réussisses à mêler les mots à la photo.
    Quel beau soleil et quelle belle vie !

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  2. C'est j'aime moins celui-là que je voulais dire.

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  3. C'est toujours gentil de participer, John...

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  4. Ca y est, je suis retournée sur ton blog depuis la première fois et je suis sacrément déçue. Tout ce que tu avais su éviter au début, tu les as fichus à côté de tes bonnes photos, maintenant fichues.
    Je ne regrette pas de t'avoir écrit ce truc sur les reporters voyageurs parceque c'est exactement ça qui me gène.
    Pourquoi poétiser ou reporter des faits straight? Pourquoi il ne peut pas y avoir d'entre deux?
    Pourquoi quand on parle de gens pauvres ou d'enfants qui travaillent on ne fait pas appel à la documentation mais à ce qu'on est nous face à ça? Je déteste les "je les admire dans leur souffrance". Pour moi, ce n'est plus eux que tu montres c'est toi, et plus particulièrement le toi français en voyage. C'est dommage de garder cette distance qui fait mal voir. Qui fait voir du beau dans la souffrance quotidienne de certains, et qui occulte les raisons et les réalités politiques. Le beau, c'est souvent la surface d'une chose plaine de mystère mais c'est assez hypocrite d'ignorer les mécanismes politiques des choses pour pouvoir trouver ça beau en ne regardant que la surface, les conséquences. Ce que toi tu vois en passant, qui te fait frémir, c'est pour eux un quotidien qui ne passe pas. Le malheur c'est agréable à faible dose, mais c'est très laid quand ça dure et que ça ruine.
    Et puis on parle toujours de "une petite part d'humanité, c'est tout ce que j'ai à leur offrir."
    Je trouve grave que l'on reporte ces images et qu'on inscrive à côté "je ne peux rien faire", et comme sous entendre "vous ne pouvez rien faire non plus". C'est là que je trouve le photographe tout à fait inutile, et c'est là qu'on instrumentalise la pauvreté des gens.
    Je pense qu'il faut choisir entre rapporter la beauté de la photographie, et occulter tout ce qui a rendu cette image possible (ta présence à cet endroit, ou la situation sociale des personnes photographiées), ou documenter avec intelligence et non avec complaisance ce qu'il faut lire de cette image.
    Parce que si ce que tu veux exprimer c'est ton point de vue, ton vécu, c'est souvent arrêté à des doutes ou des réflexions qui n'ont pas de réponse.. Ca retranscrit bien l'errance du voyage mais ça ne mène à rien et ça sonne comme une imitation de Depardon, par exemple, avec l'immaturité en plus, alors que justement tu fait appel à la sagesse d'un discours a posteriori, mais qui est beaucoup plus arrêtée et moins sur le vif. Ce n'est plus une expression, c'est une réflexion stérile.

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  5. En fait cette critique tourne en compliment, alors je t'en remercie.
    Je n'entends pas faire, mais alors surtout pas, du reportage ou de la "documentation"... Rien ne me vexerait ou ne me ferait me sentir plus inutile.
    Si tu cherches des reportages misérabilistes sur la condition de vie des enfants travailleurs, tu as quelques bonnes centaines de bouquins qui ont été écrits dessus depuis Lewis Hine ou son acolyte malhonnête. Ce n'est pas mon propos.
    Mon propos est plutôt de présenter un travail, en construction, certes, et qui a ses défauts, à n'en point douter, mais qui présente en effet plus un individu, qui n'est pas moi ni toi ni personne d'existant, mais plutôt un narrateur voyageur, errant on pourrait dire.
    Quant aux raisons politiques, une fois de plus je te remercie de m'en exempter, j'avais peur d'avoir déjà trop parlé de sociétés, je pense que de telles photos engagées (comme celles du bon vieux Lewis) ne servent à rien. Et puis je n'ai jamais dit que je ne pouvais rien faire. Le politique (et non pas la Politique, mot effrayant et écoeurant) est dans le quotidien dans l'attitude qu'on adopte face à la vie. Essayer de ranger le politique dans la politique c'est exactement ce qu'ils attendent de toi.
    Agir ça ne consiste pas à donner un euro pour le Pakistan ou à s'inscrire au NPA ou à voter une fois par an. Ca, ça peut ressembler à de la prostitution ; on agit comme on pense. D'abord penser, l'action viendra d'elle-même.

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  6. Errance ça a déjà été publié.
    Je trouverais ce travail sur l'errance intéressant surtout dans certaines étapes que toi tu as brûlés pour nous fournir la soupe habituelle.
    Par exemple, ton narrateur a toujours l'air d'être dans une espèce d'extra lucidité, ou un état de conscience supérieur face à ce qu'il vit. Et c'est l'inverse du doute de l'utilité du voyage pour le voyageur et de la déprime de l'errance. Mais il n'y a aucune phase d'entre deux. On sait pas comment il arrive de l'un à l'autre. Le côté de trouver de la puissance dans n'importe quel paysage, ou visage, peut avoir un côté intéressant pour le processus d'encouragement du narrateur face au grand vide de l'inconnu. Mais là, ça n'a pas l'air assumé comme tel.
    C'est donc ça qui me gêne qu'il y ait comme des ficelles cachées qui rendent ton personnage comme un héros sage et conscient qui sait immédiatement faire les bons choix face à ce que l'environnement hostile lui réserve. Alors que justement, tu pourrais t'appuyer sur ton vécu pour décrire des choses moins évidentes, et trouver de la pertinence.
    Question utilité du reporter d'images, je ne te rejoins pas. Pour moi, un rapport d'images documentées peut permettre de palier le manque d'empathie ou l'ignorance de nos civilisation quant aux civilisations en détresse ou juste en souffrance sans forcément passer par le pathos. Documenter va à l'encontre du pathos. L'empathie, contrairement à la pitié, est souhaitable pour une prise de conscience de chacun qui ne peut parfois voir que par le miroir d'un Homme à son échelle. En documentant les personnes on peut leur permettre de mieux penser et décider d'un choix de vote. C'est la pratique la plus évidente pour décider de la manière dont va tourner le monde, les partis politiques sont là pour ça et je trouve que le fondement de ce système, en théorie, est raisonnable. Ca permet aux exubérants comme aux timides de donner leur avis.
    En outre, je suis d'accord pour dire que tu as brûlé certaines étapes du raisonnement quand tu dis qu'il faut faire de ta différence une force. On dirait une chanson d'Amel Bent.

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  7. "Dans son entreprise prétendument documentaire, à cause de l'impossibilité de son point de vue, [le photographe] maquille, dissout et annihile par la création de symboles arbitraires. Celui qui prétend faire l'inventaire du réel, proclame des espaces logiques illusoires, et classifie les êtres et les objets dans d'hypothétiques catégories dont il est le seul dépositaire. [...] La volonté de substituer au chaos du monde une vision intelligible repose sur le besoin médiocre de conjurer le réel en prétendant le dévoiler."

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  8. Je sais bien, bob. C'est pour ça que j'ai à aucun moment parlé du réel. C'est pour ça qu'il y a un vrai travail du documentariste, qui doit construire un réel. C'est pour ça que le documentaire c'est génial!

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  9. je crois pas, non
    j'aurais dit plutôt l'inverse.

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  10. enfin qu'est-ce que tu appelles un documentaire ?

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  11. Le professeur Rollin9 octobre 2010 à 18:58

    J'suis assez d'accord avec ton gros rat. La distance est pas toujours bonne.

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