lundi 27 septembre 2010
Etranger, touriste
3 juillet :
L'Albanie est, parait-il, le pays le moins touristique du monde.
C'est vrai qu'en arrivant on se sent immédiatement étranger. Le rapport des gens avec nous est étrange : ils sont partagé entre la colère jalouse, la convoitise malsaine, l'enfantine curiosité, la chaleur sincère et simplement l'indifférence à ce qui ne changera pas leur vie, de toute façon... Malgré moi, ces attitudes, ajoutées à l'ambiance générale du pays, ne sont pas faites pour me rassurer.
Qu'importe, après tout ! Je ne suis effectivement pas albanais, et je ne suis pas venu ici en stop pour être accueilli par des moniteurs de Club Med... Pourquoi je voudrais qu'on me reconnaisse et qu'on m'aime à peine arrivé ? Rien n'est donné à personne, ici moins qu'ailleurs.
Il faut savoir être étranger et parler aux gens sans essayer de gommer nos différences, au contraire les revendiquer et s'en faire un atout. Assimiler celles des autres, les aimer pour ça. Eliminer, en moi comme en eux, la peur de l'autre.
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Salut! Ce discours moralisateur (cf dernières ligne de ton texte) et encore une fois plein de bons sentiments,insipide et attendu, me lasse un peu...
RépondreSupprimerC'est curieux, que toi qui semble avoir tant voyagé dans le monde, tu ne sois pas revenu avec des discours plus surprenants, plus novateurs et enrichissants pour ceux qui ne se sont jamais perdu dans l'ailleurs, jamais esseulés dans la multitude inofensive et aggressive à la fois par son indifférence face à la propre précarité de l'étranger.
Je ne comprends pas en quoi ce serait plus légitime de revendiquer sa différence plutôt que de chercher à la gommer; de toute façon, notre singularité est un fait indéniable, qu'il est aussi ridicule de vouloir dissimuler que de le croire porteur d'une valeur extraordinnaire. Aimer quelqu'un parcequ'il est notablement différent me semble injuste, et me semble interessé surtout; ça me fait penser à l'exotisme de base, de ces gens qui n'ont aucune relation avec leurs voisins de palier et qui se félicitent d'avoir de très bons rapports fort humains avec les villageois du bled où ils ont loué trois jours une chambre au fin fond de l'Atlas... Pourquoi aller dans un pays lointain chercher la différence? C'est gratifiant ou quoi? Moi quand je descend dans ma rue, que j'arpente la ville, je me sens déjà étrangère et autre et incapable de les comprendre ni d'être comprise. Mais nous vivons avec Ça depuis notre rentrée en maternelle, non?
Et ce que j'aime chez l'autre c'est lui même, sa singularité essentielle qui apparaît en deça de toutes les différences de surface, en deça de tout le costume socioculturel, et ce sont ces essences brutes, dépouillées des charmes exotiques de ce costume, qui sont capables de sentiments humains les plus purs. Nous nous repaissons de ces rapports faussements désinteressés où l'autre est pour moi un objet,finalement, un pretexte à transformer notre culpabilité d'être un occidental en la satisfaction d'avoir voulu aimer l'autre alors qu'il croit lui-même que je le méprise. Mais dans ce genre de rapport on reste dans notre posture d'occidental bien pensant, et l'on ne rencontre pas l'autre, même en voulant se persuader qu'il ne doit pas faire peur, même en choisissant de le considérer comme plein de richesse parce qu'il est différent. C'est se tromper soi-même. La vraie richesse ne siège pas dans sa différence, vraiment je ne crois pas, mais dans ce qu'il est derrière ce qui fait cette différence.
Et l'autre fait toujour peur dès que l'on s'en approche, cette autre fut-il ta propre mère . Se livrer à l'autre est un exercice effrayant. L'homme est plein de pudeur.
Pour moi la différence est chez les êtres humains la plus grande beauté. Ils n'y a pas que chez les Albanais, certains sont tellement conventionnels, il y a chez de nombreux voisins de paliers (surtout depuis que j'habite à Belleville), ou chez mes amis que je peux trouver bien plus exotiques que beaucoup de Turcs ou de Syriens.
RépondreSupprimerFinalement, la différence qu'on peut trouver aux gens dans le voyage n'est pas la même que celle qu'on trouve quand on reste chez soi ; on n'a pas le même temps ni les mêmes outils d'analyse, la différence, la subtilité individuelle nous échappe, sauf dans les cas où l'on reste une semaine avec les mêmes personnes, mais alors on se retrouve d'abord face à une différence d'ordre nouveau, qui est plus facile mais aussi plus fascinante et plus surprenante : c'est une différence de société, une différence de monde. Alors que nous savons que nos amis, des gens qui vivent dans le même monde que nous, sont si différents, des gens à ce point semblables à nous nous échappent parce qu'ils vivent dans une région du monde différente. Analyser cette différence c'est analyser l'endroit où il vivent. C'est une différence d'ethnologue.
Pour ce qui est du sentiment d'être étranger on peut le ressentir à trois ans en maternelle, on peut le ressentir partout dans les grands magasins, dans les rues du XVI arrondissements mais il faut aller je pense dans les cités dangereuses pour comprendre ce que c'est de passer dans une rue sous l'œil méfiant et hostile de tout le monde. tout le monde ; parce que vous n'appartenez pas à leur univers.
Je ne sais pas quoi répondre ensuite aux accusations d'être un occidental favorisé par rapport à ces pauvres populations affamées, ça sent trop, pour le coup, la mauvaise conscience et les préjugés faciles que se transportent tous les occidentaux qui n'ont pas voyagé.
Enfin, je suis fort chagrin de ne t'apporter que de l'ennui et de la lassitude mais il est vrai que c'est ici un brouillon, souvent des premiers jets ; il est encore plus vrai que je n'apporterai pas de révélation stupéfiante sur la nature humaine ou de recette inouïe pour la paix entre les hommes, pour ça, mieux vaut regarder un bon film américain.
Bon, je vois aux dernières lignes de ton mail que je t'ai un peu blessé, mais comme ta réponse par ailleurs est intéressante et a le mérite d'enrichir le premier texte qui accompagne la photo, je crois que maintenant je le comprends différemment. Tu ne m'apportes pas d'ennui ni de lassitude, sinon je n'aurais pas pris la peine de réagir; c'est seulement ces quelques phrases, dont je n'avais pas vraiment conscience de l'état de brouillon, qui ont remué en moi une certaine aigreur, je l'avoue. Ce que tu dis sur le regard et les "outils d'analyse" du voyageur me convainc, et sur l'expérience de passer par des cités dangereuses aussi. Ce que je voulais souligner, c'était le ton justement de "révélation sur la nature humaine" que prend ton texte dans ces trois dernières lignes... et qui me rappelle trop les campagnes antiracistes des profs d'éducation civique de collège qui ne mettent jamais les pieds dans les quartiers d'immigration. Ton dernier article "l'inépuisable visage" me plaît beaucoup plus par la justesse du commentaire, par sa sensibilité ;et de la photographie se dégage assez bien ce que tu décris ( pour autant qu'un individu derrière son écran peut ressentir vraiment ce que tu décris). Autre chose: je ne t'accuse pas personnellement d'être un occidental favorisé par rapport à ces pauvres populations affamées, c'est seulement ces quelques phrases qui m'ont tout de suite fait penser justement à cette mauvaise conscience et ces préjugés faciles que tu réprouves et que tu attribues à l'occidental qui n'a pas voyagé... cette partie de ton discours m'étonnais car il semble que tu sois allé assez loin dans le monde.
RépondreSupprimerEt je suis sûre qu'il y a de bon films américains qui apportent un regard très intéressant sur le sujet... Tu vois, dès que tu commets un jugement généralisateur comme ça sonne faux... Bon après, je ne te connais pas, donc c'est un peu osé de ma part de critiquer comme ça tes paroles, mais d'un côté ça te permets de te justifier et par là de rendre tes commentaires plus précis; j'espère que tu ne m'en veux pas plus que ça.
En parlant de films américains, est-ce que tu as vu Stranger than paradise de Jim Jarmusch ? J'y pense parce que dans un de tes premiers articles,celui sur Des Hommes et des Dieux, tu parlais du soin apporté au travail photographique souvent délaissé dans de nombreux films; et dans Stranger than paradise il y a une utilisation du plan fixe que je trouve géniale et un noir et blanc très bon. Tu me diras ce que tu en penses, si tu as le temps de le voir... Aller, salut! Et sans rancune hein?!
Bon les gars, c'est bien votre petite conversation, mais on s'emmerde ferme. Suis d'accord avec Bob, c'est la différence qui fait bander. Sinon c'est narcisso-morbido-oedipien.
RépondreSupprimerEt vive Ruth, puisqu'elle est tellement différente !
Mais, surtout soyez brefs !
Ruth, t'es cool.
RépondreSupprimer1) ai vu Stranger Than Paradise ; ai aimé.
RépondreSupprimer2) mais alors... qui es-tu ?
3) merci de ta participation, Ruth, et des tes critiques
Ah voilà, c'est ça la magie d'internet! N'importe qui te parle et tu voudrais bien savoir qui c'est irl ? Ha ha ! Tiens t'es pas post-moderne Bob, t'es archaïque, tu me déçois!
RépondreSupprimerHihi, suis une vieille pote qui s'ennuit et qui découvre les bizarres sensations que procure le travestissement derrière une personnalité virtuelle ayant des attitudes et des idées qui me sont étrangères en partie du moins... Mais tu oses croire que je vais me dévoiler si facilement?
RépondreSupprimerEn fait, nous sommes plusieurs, et nous ne nous connaissons pas les uns les autres, nous les post-modernes. Pff... C'est trop tentant l'anonymat quand on nous le propose...
On est même plus que ça... On est ailleurs. On est en tailleur. On est honnête. On est au net avec le net. Mais on n'est pas Ruth car Ruth est pas Ruth. Les cars, Ruth, sont cuites. En vrai, axiste pas. La Ruth, il faut la tailler, il faut la suivre, il faut la prendre. Après tu pars et t'es content. Après, t'es con, mais t'es partant. T'étais partant, c'est épatant. Vive l'inconnuisme et le n'importequoisme.
RépondreSupprimerJ'adore ce que vous faites et faire, en français...