lundi 20 septembre 2010
La conscience occidentale
20 Juillet :
Comment ne pas m'identifier à ce garçon ? Moi aussi je viens dans des pays pauvres que je ne connais pas et je photographie la misère.
Je ne profite pas, je ne ris pas, seulement cet homme étalé dans une rue sordide est passé dans ma vie. Je ne peux pas ne pas en parler ; je ne peux pas ne pas m'en souvenir.
Je ne parle pas de témoignage ou de reportage. Seulement de ce qui est passé dans mon œil et dans mon appareil photo.
Il reste alors cette image de la mauvaise conscience d'avoir passé par là ; de la nécessité de dire ce que j'ai vu.
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"Toujours - sauf au bordel - on paie pour que rien n'arrive, pour ne pas dormir à belle étoile, pour ne pas partager les récits, les délires et les puces d'un dortoir de dockers, pour poser ses fesses [...] sur le velours inutile d'un compartiment face à des usagers que l'éducation a rendus trop timides pour qu'ils osent ou daignent vous adresser un mot."
RépondreSupprimerQu'est-ce ?
RépondreSupprimerMoi je ne paie pas pour que rien n'arrive. Je paierai pour qu'arrivent les choses qui peuvent arriver. Tout voir, tout connaître ; même le plus sombre ou le plus moche.
Tu n'es pas les gens, Bob...
RépondreSupprimerVoilà le témoin était là, il est passé. C'est le passage du témoin. On se croirait au jeu olympique. Si en plus on peut décrocher la médaille avec le témoignage en main, hein? c'est tout bénéfice. Il y quelque chose d'insupportable dans le témoignage. la distance peut-être avec ce dont l'on témoigne. Est-ce vraiment témoigner ? Est-ce bien ça témoigner ? A travers l'écran de verre qui jamais ne se brise. Je rentre chez moi avec mes images - je témoignerai, peut-être. Mais de l'homme à terre... Qu'on songe seulement une seconde à ce que cela signifie, un homme à terre... qu'a-t-on dit ? La belle âme pose devant les flashes de la postérité, cependant que les hommes à terre continuent de mourir silencieusement. Les photographier, qu'est-ce que ça fait ?
RépondreSupprimerJ'ai bien dit que je ne témoignais pas...
RépondreSupprimerMais sinon, que faire d'autre ?
Vous ne pouvez pas aller lui parler, le relever, lui donner de l'argent, vous ne pouvez pas le sauver.
C'est un problème structurel, pas ponctuel ; même si ça brise le coeur de voir ça, on ne peut rien faire. Il faut adopter une attitude ; une attitude d'ouverture, d'écoute, de dialogue.
Une attitude d'humanité et apporter le peu d'empathie et d'intelligence qu'on peut apporter...
Je ne comprends pas ta honte d'être le témoin. Oui tu es le témoin, et je ne considère pas que ce soit dégradant. Avant de vouloir changer les choses, il faut en être au courant ; tu prends en charge ce rôle d'informateur, bien que d'une mesure dérisoire.
RépondreSupprimerJe ne dis pas que cette photo n'est pas un témoignage, je dis qu'elle ne l'est ni plus ni moins que toutes les autres photos du monde. Je ne dis pas que je ne suis pas le témoin, je dis que je le suis, ni plus ni moins que chacun de vous chaque jour.
RépondreSupprimerLa seule différence est que j'agis là où vous ne faites qu'ignorer : je prends une photo. Mais je juge cette action effectivement dérisoire au niveau politique, c'est en ce sens que je dis que ma photo n'est pas un témoignage ; ce n'est pas sa fonction, ce n'est pas sa raison d'être.
Sa raison d'être est ailleurs, mais peut-être y a-t-il encore des gens trop obtus pour comprendre que la photo a d'autres raisons de vivre que de faire les faits divers dans les gazettes locales.