4 août :
les foules qui crient m'ont toujours effrayé, dégoûté. sans doute souvenirs inconscients de guerres, de pogroms, de lynchages... jamais souvenirs d'intelligence, d'humanité.
force extraordinaire avec si peu de discernement, si facilement malléable, manipulable comme un jouet dans les mains d'un enfant.
incompréhension devant des luttes souvent justes souvent belles défendues à coups de cris de beuglements d'aboiements. l'humanité mes frères n'est pas dans la haine aveugle d'une idée abstraite ; elle est dans l'individu, dans le temps à distribuer, à recevoir, dans les yeux de gens qu'on croise, à qui l'on parle quelques secondes, quelques semaines ou quelques années.
la beauté et la force de l'homme sont là. dans la présence immédiate et non négociable à l'individu, quel qu'il soit.
et tout le reste est littérature.
Ah la la, quelle connerie ! Excuse-moi mais quand même ! L'individu ! Quelle fiction ! C'est quoi l'individu, c'est quand ? Ca commence à quel âge ? Qu'est-ce qui est proprement tien ? Tes goûts ? Ton corps ? Dans tout ça, y a rien qui ressemble aux goûts et au corps de ton père ou de ta mère ?
RépondreSupprimerTu pense déjà comme tous les petits bobos qui sont montés à Paris pour faire carrière - Paris, à nous deux ! - et tu viens nous saouler avec l'individu ? Mais l'individu, ma poule, ça n'existe pas. L'individu, on te fait croire que ça existe parce que c'est vendeur. Parce qu'après on te vend tes goûts, tes couleurs, tes modes, qui seront ceux de toutes ta génération. Les artistes croient être des individus alors que c'est leur oeuvre qui en est un. Leur oeuvre, pas eux, pas leur vie de merde qui est exactement comme la vie du voisin.
Qu'est-ce qui te singularise tant ? De quoi es-tu si fier que tu viens nous cracher dessus, nous qui sommes la foule, conscient d'être la foule?
La foule, le peuple seuls sont grands. ce sont eux qui font les rois, les artistes, les dieux. Tout le reste est littérature. Et surtout la vanité des petits nombrileux qui se croient déjà quelqu'un à force de dire "je".
Encore une très belle photo d'homme. D'homme, et non pas d'individu.
Pour la petite histoire, le concept d'individualisme semble avoir été inventé par Tocqueville. Tu vois qui c'est ? Non ?
De la démocratie en Amérique ? Lui non plus n'aime pas trop le peuple...
Bienvenue dans le monde des foules, des masses qu'on manipule au bon gré des dirigeants, bienvenue dans le monde des staliniens, des maoistes, des nazis.
RépondreSupprimerOn aime les masses ici, on aime les foules mais on déteste les individus, bien trop dangereux bien trop imprévisibles.
Je n'ai jamais, mais alors jamais, parlé de singularité absolue de l'individu (phantasme libéral-romantique) : il existe, bien sûr, des lois qui régissent le fonctionnement humain, des lois physiques, des lois psychiques des lois psychologiques mais tellement complexes (et tellement encore obscures !) que l'être humain est comme une partie d'échec, vois-tu : éternellement différent.
Bien sûr que tu dois avoir peur des individus puisque tu te places dans le camp des dirigeants, des dominants, ceux qui ont toujours réussi à récupérer les gens en leur faisant croire qu'ils ne sont qu'une masse - concept largement théorisé par Adolf Hitler et tous ses petits amis, tu connais ? ils aimaient pas la liberté, eux non plus, ni la différence.
Je n'ai ensuite bien évidemment pas vanté ma propre singularité, pour me mettre en avant comme n'importe quel bobo artiste prétentieux (cliché fasciste qui n'ouvre que sur la béance de la méconnaissance).
Le peuple n'a jamais fait ni roi ni démocratie, tout au plus peut-il les défaire, et encore. Et bien entendu je connais Tocqueville, celui qui avait pensé le fascisme une centaine d'année avant hitler et tous les problèmes qui allaient pouvoir découler d'un tel système si on n'y réfléchissait pas un peu, une critique constructive, quoi.
Enfin critique constructive, ça doit être aussi j'imagine un concept que tu dois trouver petit bourgeois et qui toi t'horrifier, alors...
Lindividualité ne se résume pas à une simple différenciation absolue par rapport aux autres. C'est beaucoup trop simpliste comme définition. Chaque moment de ta vie, chaque aspiration, chaque rêve, chaque expérience que tu vis fait de toi un individu. Rien de mystérieux là dedans. On est tous quelqu'un d'autre et pourtant on se ressemble tous, des alter ego.
RépondreSupprimerCe que je trouve bobo moi, c'est de croire que l'individu n'existe pas et pourtant je n'habite pas Paris. Ce qui a fait ce que tu es, ce n'est pas simplement tes parents ni les autres, c'est tellement de choses, tellement que tu ne peux pas penser que tu ressembles exactement aux autres. L'individu c'est un ensemble de réactions chimiques, physiquement, nous sommes différents, psychiquement nous sommes différents, notre ADN même nous différencie. L'individu c'est un passé, c'est une histoire, pas des goûts ni des couleurs. Tu ne crois pas Furax?
Je crois qu'il existe des hommes, tous différents car ils sont chacun la somme de leurs expériences. On peut - et même c'est désirable - aimer ces diférences. Le problème, c'est la notion d'individu. C'est quoi ? Ca pose évidemment la question de la liberté, c'est un peu long à débattre, mais pourquoi pas. Où est ta liberté ? Quand fais-tu un acte libre qui soit proprement tiens ? Zat iz ze question.
RépondreSupprimerOn nous entretient dans l'idée que nous sommes tous libres et tous singuliers. C'est le plus sûr moyen de nous faire marcher au pas. Dans quel pays y a t il moins de différence et de singularités qu'aux Etats Unis ? (voie encore Toqueville, par exemple) Je crois que nous ne sommes vraiment libres que quand nous sommes associés en vue d'un but. Là on agit, on pèse.
Etre libre seul ? Qu'est-ce que ça peut bien signifier ? Voilà, mon cher bobo baba ce que je peux dire en deux mots. La libération ça ça m'excite, je vois ce que ça veut dire. Parce que la domination, je la vois et je la connais. La liberté je m'en méfie. C'est comme si l'ayant déjà elle n'était déjà plus à conquérir. La liberté est toujours à conquérir. Tout au long de la vie - dans chaque acte. C'est plus exigent sans doute. C'est pas un mot d'ordre, c'est pas une idée abstraite, c'est une exigence éthique. Vive la sociologie politique ! Vive Bourdieu !
La question n'est pas forcément de savoir si tu agis librement et sans autre motif que les tiens. Bien sur que tu agis toujours pousser par tout un tas de raisons, de calculs, de rencontre, parfois même tu agis parce qu'on te dit d'agir mais ca fait déjà de toi une individualité, un être unique car quoi que tu choisisses, quelque soit ta manière d'agir, librement ou non, c'est déjà une forme de la liberté ou tout du moins une expression de ton individualité.
RépondreSupprimerLa liberté, bien sur qu'elle n'est pas acquise, ce n'est pas un droit de naissance, c'est une guerre sempiternelle. Il n'empêche qu'à travers le choix de ne pas vouloir la chercher, tu fais de toi quelqu'un d'unique et cela même si d'autres ont fait ce choix là. Il n'y a aucune opposition entre domination et liberté. La liberté c'est avant tout ce qu'on se crée pour soi même. La véritable guerre qu'il faut mener, c'est celle contre ceux qui voudrait nous faire croire à la liberté lorsqu'ils dominent. Là est le vrai combat à mon avis. Mais ce n'est que mon avis.
camus, dans l'homme révolté, parle d'individualisme altruiste. et puis il me semble dur d'opposer la foule à l'individu, dans la mesure où elle est lui s'autodéterminent en permanence, d'où il me semble pertinent d'envisager leur coexistence d'un point de vue dialectique plus qu'antagoniste. En tant qu'individu, j'ai besoin de la foule pour exister, mais cette existence peut être une affirmation de soi plutôt qu'une transsubstanciation de mon corps dans le corps social. et puis le commentaire de l'article ne me semblait pas vraiment faire l'apologie du néo-libéralisme ultra-individualiste (pardon, je suis dans ma période "mots de plus de 30 lettres"), mais plutôt le constat humaniste d'une humanité fondée dans et par l'humain. dans la mesure où le texte trouve sa place entre les pages d'un carnet de voyage, ce qui y est affirmé me semble une manière d'aborder l'homme de façon finalement assez sincère, parce que considérant directement l'individu auquel on se trouve confronté, et non pas l'idée de l'homme auquel on est censé avoir à faire (l'arménien, le turc, le syrien...) et qui, même si on l'emploie à l'inverse et en toute bonne fois, comporte déjà en germe l'idée même de racisme. michaux parle de ses rencontres avec la population locale dans Ecuador, et décide de ne retenir que celles dont il estime avoir bénéficié a posteriori, et non a priori. ainsi ont lieu de vraies rencontres, dont on retient quelque chose, et qui dépasse largement la possibilité d'un clivage racial. qui a dit qu'employer le mot "juif" était le prémisse de l'antisémitisme ?
RépondreSupprimerJe n'ai pas peur des foules car je n'ai pas peur de moi dans la foule. Elle ne m'emportera qu'autant que j'accepte d'être emportée. Elle ne m'arrachera rien que ce que j'accepte de perdre - par avance.
RépondreSupprimerJ'aimerais avoir la même confiance en moi mais même si, contre toute attente, j'atteignais ce point de certitude, j'aurais peur de la foule, toujours incontrôlable, elle.
RépondreSupprimerEt tout le monde n'est-il pas persuadé de pouvoir résister à l'appel des foules, à la déraison du nombre et combien d'expériences nous montrent le contraire ?
Jouir de la foule est un art, très cher.
RépondreSupprimerLa déraison des foules n'est-elle pas toujours construite et conduite par la déraison d'un seul?
RépondreSupprimerJe ne crois pas. Il est toutefois certain que, s'il n'a besoin de personne pour être déraisonnable et violent, le peuple seul est d'une bien piètre efficacité. C'est dans les cas où il trouve un manipulateur, un guide, qu'il est réellement effrayant ; et malheureusement, les prophètes et fanatiques en tous genres ne manquent pas.
RépondreSupprimerC'est quand même stupéfiant, ton obstination (presque ton obtusité) ! ET tu crois qu'il se rassemble comment le peuple ? Un beau jour, il se dit le peuple, tiens, si je me rassemblais histoire de faire un truc débile ou terrifiant ? C'est ça ? IL y aurait une spontanéité des foules, tous les mecs un peu branques, ils sentent le 14 au matin le désir irrépressible d'aller manifester? Si c'est pas la misère d'arriver à une analyse politique aussi sommaire - et risible - après avoir lu et cité tant de livres! C'est long à construire un groupe humain. Ce qu'il y a au début, c'est l'animal seul. Tu débarques dans un monde déjà organisé et tu penses qu'il l'est comme ça, magiquement?
RépondreSupprimerIl faut lire les classiques de la pensée politique. Tout le monde, même les photographes, même les sportifs !
Ce qu'il vous faudrait lire surtout, et en priorité, ce sont les livres d'histoire.
RépondreSupprimerLa prise de la Bastille s'est effectivement faite à peu près par un hasard, et il n'y a qu'à regarder autour de vous, à moins que vous ne soyiez totalement perdu au milieu des champs et des vaches - ce qui expliquerait peut-être votre méconnaissance absolue des foules -, et vous constaterez comme moi qu'il y a nombre d'occasion où la foule se réunit complètement par hasard, sans que personne ne l'ai voulu.
Ce qui est stupéfiant c'est votre mauvaise foi et votre tendance à lire ce qui n'est pas écrit : je n'ai jamais dit que les foules avaient de toute éternité agit seules, au contraire - mais lire, c'est fatigant, et je ne parle pas de comprendre.
Une chose, encore : je trouve ça assez ridicule et assez, pour le coup, tristement banal et bête d'imaginer que la foule c'est "tous les mecs un peu branques". La foule c'est vous, c'est moi, c'est tout le monde. On rejette la folie du monde sur les autres, c'est tout à fait normal de votre part. "Le monde ? nan, c'est des fous complets ! Moi, par contre, je suis un mec bien..."
foule, elle est faite de tout le monde mais tout le monde à horreur de la foule.
RépondreSupprimerSauf moi, car je sais qu'elle est moi, et qu'elle n'est que moi. Une multitude de mecs comme moi. D'où mon agacement face à l'aristocratique dédain de ceux qui s'en croit hors. Pas grave. On s'y retrouvera un jour. Espérons. (C'est ça où mourir seul)
RépondreSupprimerQuant à lire - et comprendre - je vois que c'est difficile pour tout le monde. Chacun préfère naturellement, dans un bel élan uniforme, rester sur ses opinions sans même chercher à voir de quoi il s'agit.
Je tiens alors à préciser que je ne me sentais pas du tout hors de la foule, bien au contraire elle révèle de moi ce qui me fait horreur, c'est pourquoi je m'en tiens loin.
RépondreSupprimerS'il y a des gens assez nobles, comme toi semble-t-il Furax, pour être au-dessus de la mêlée et ne jamais perdre contrôle, gloire à toi Furax, dieu des foules, mais ne t'attends pas à ce que je croie tes fables et faux miracles.
Pas au dessus, Loup, ni au dessous, jamais, au dedans, c'est ça le plus dur, accepter d'être dedans, tout simplement, comme tous les autres, avec les autres... quant aux fables et aux miracles je laisse ça aux zélites zéclairées qui nous méprisent et qui veulent ignorer qu'elles nous ressemblent. Le plus dur, c'est d'être un homme. Etre un dieu est à la portée de tous les cons - ceux qui Nietzsche excitent, par exemple, les "forts" qu'ils faut toujours protéger contre les "faibles". Pauvres forts, ils font pitié. Leur crainte de paraître plus pauvres qu'ils ne sont, voilà la vraie misère.
RépondreSupprimerQuant à la prise de la Bastille "par hasard", je crois que plus tu as toi aussi besoin de revoir ton histoire...
RépondreSupprimerPour quelle classe pouvait-elle bien constituer un symbole ?
Faut poser la question à Oui-Oui...
Verlaine !
RépondreSupprimerMy godness si je m'y attendais.
Mais peut être quelqu'un l'a déjà dit.
Peut être que tout se sait toujours, tout le temps et très vite. Peu importe, moi je découvre.
'Tout le reste est littérature', Verlaine l'a dit, aussi.
Ouais Marie
RépondreSupprimeramène de l'amour et de la poésie
ils / on l'oublie/nt