M. Trivier - dont vous pourrez trouver beaucoup d'œuvres ici - est, parait-il un homme étrange, ou du moins différent de ce qu'on rencontre le plus souvent : il aurait commencé la photographie avec une liste d'intellectuels qu'il admirait ou qu'il voulait rencontrer, une liste de personnages de la scène culturelle dont il voulait faire le portrait ; de Genet à Foucault en passant par Borges, Sarraute, Heiner Muller (ici), il parait qu'il aurait fait le portrait de toute sa liste, ou presque. Des portraits très simples, très directs, très épurés, tout en format carré.
Dans le même temps, M. Trivier fait des "portraits" d'arbres. Toujours au format carré, toujours en noir et blanc, et toujours une impression de simplicité et de pureté. L'ensemble porte la marque profonde de la mesure et de l'équilibre classique.
Enfin, la série ne serait pas complète si M. Trivier n'avait pas pris un grand nombre de photos dans des abattoirs. Toujours même style, le bâtiment a la solennité d'une cathédrale, la géométrie et la perfection des lignes ne font que souligner l'horreur du lieu.
Puis, ayant fini ses photographies, M. Trivier décida d'arrêter définitivement la photographie, ou du moins sa face publique, et de vivre en faisant des chantiers.
Mais déjà, la Maison Européenne de la Photographie avait acheté tous ses tirages, et les montre aujoud'hui dans une exposition. L'ironie caustique, l'hallucination dans la simplicité et l'efficacité des photos prend tout son sens et toute son épaisseur quand, dans l'exposition, les trois séries de photographies sont totalement mêlées, imbriquées et construisent un sens bien plus profond dans le tout que ce que contenait chacune des parties. Une ambiance surréaliste surprenante de douceur et de finesse, qui rend d'autant plus décevante la série d'images de Prévert qui la côtoie dans le bâtiment.
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