lundi 4 avril 2011

La maman et la putain



Film de Jean Eustache de 1973, le triomphe de la parole ; la parole qui divertit, qui dénonce, qui voile.
"Je n'ai jamais quitté personne ; c'est pourquoi on me quitte tout le temps."

13 commentaires:

  1. Le film pendant lequel tu t'es endormi comme un loir...

    RépondreSupprimer
  2. Et pas qu'une fois !
    Les meilleurs films sont ceux où on s'endort.

    RépondreSupprimer
  3. ce jeu un peu désuet sur un texte si sensiblement juste et intriguant, ça déstabilise au début, tellement on est habitué à l'hyperréalisme hollywoodien, et puis de suite on s'accroche, la diction est belle, le principe des plans est simple, la parole se détache des personnage, elle flotte comme en surimpression sur ces visages désintéressés; l'émotion vient du texte et pas du jeu, le sentiment de fragilité renforcé par le N&B qui les rend diaphane, et la fumée des cigarettes. Envie de voir le film en entier.

    RépondreSupprimer
  4. Moi j'ai trouvé ça très con. Jean Pierre Leaud, c'est trop. C'est bien Leaud ? j'ai un doute.

    RépondreSupprimer
  5. Y a pas de pb, negator, tu peux trouver ça con, certes, c'est bien Léaud,c'est peut être trop, mais la je suis en train de regarder le film en entier et c'est assez étonnant comme on finit par oublier leur jeu antinaturaliste, c'est presque de la lecture de scénar, et moi j'aime le texte, j'aime l'ennui, je trouve que de voir des idiots c'est bien aussi, vous êtes tous idiots,nous sommes idiots, mais il y a là dedans quelque chose de satisfaisant. Chui un peu mazo sans doute.

    RépondreSupprimer
  6. En tout cas, l'histoire retiendra une belle critique constructive.

    RépondreSupprimer
  7. Et moi je viens tempérer. Le film est passionnément ennuyeux. Autant j'aime la construction des séquences, la mise en scène, la couleur et le rendu de l'image. L'intimité, les sentiments qui se développent dans l'exiguïté et le tempérament délibérément désinvolte, détaché, un peu indolent de l'acteur masculin (dont je ne me rappel plus le nom). Autant j'ai du mal avec ce genre de film qui oublie que l'acteur, par son non-jeu, est en train de jouer et alors qu'on pourrait croire qu'il veut se rendre naturel et intime, identifiable, moi je ne l'oublie pas et voir ces acteurs se débattre (quelque fois dans la souffrance) pour ne pas jouer, ca me rend triste parfois. En tout cas, je n'aime pas voir la mise à mort du poulet avant de le manger comme je n'aime pas voir l'italienne avant d'avoir vu la pièce. Le jeu d'acteur c'est quand même la petite épice (pour continuer la métaphore culinaire) qui fait vibrer mes papilles de cinéphile.

    Ca ne m'a pas empêcher d'apprécier ce film et d'y trouver une véritable source de plaisir ainsi que de le conseiller à plusieurs personnes. Mais j'adore Eustache, le chauvinisme ne me fait pas peur.

    Enfin, je pense que tu as raison Loup, les meilleurs films sont ceux où l'on s'endort.

    RépondreSupprimer
  8. De la merde de bobo snob.

    RépondreSupprimer
  9. Je trouve justement que le film n'essaye pas de faire oublier que l'acteur est en train de jouer. Au contraire. On nous rappelle sans cesse que c'est un film et que ce sont des acteurs qui récitent, et tout est fait pour qu'ils disent leur texte sans être interrompus. Je trouve génial que la copine rentre pile à la fin de l'histoire, mais qu'elle n'arrive pas, finalement. J'aime qu'on se moque du champ/contre-champ, et qu'on se moque de son propre film. On dirait que le réalisateur s'est dit:"j'emmerde le cinéma, j'en ai plein le cul des champ/contre-champ, vous allez bouffer mon texte, et pour bouffer un texte, on n'a pas besoin de mettre l'autre personnage en amorce pour bien rappeler qu'il s'agit d'une discussion dans un café, on n'a pas besoin faire varier le cadre parce qu'un plan rapproché de plus de 30 secondes c'est interdit." Le plan fixe est hypnotique. Et l'ennui, c'est quand on pense à autre chose, là c'est pas de l'ennui. Je trouve très con de refuser de voir la mise à mort du poulet avant de le manger. Je pense qu'Hitler n'aurait pas aimé non plus voir un concentrationnaire brûler sous ses yeux, mais parfois, ça peut rendre moins con de voir ce que nos actes impliquent. Mais ça c'est pour ceux qui ne veulent pas garder leur défauts, et toi, mon petit doigt me dit que tu crois que tu es parfait avec ton bout de poulet entre les dents.

    RépondreSupprimer
  10. And her son (of a bitch)6 avril 2011 à 18:14

    Ne pas vouloir voir la mise à mort du poulet c'est tout simplement parce que j'ai envie de prendre du plaisir à le manger. Si je vois du sang partout et la tête du poulet séparé de son corps j'ai plus envie de gerber que de le manger, simplement parce que la mort ne s'associe pas avec le plaisir dans mon esprit. Libre à toi de penser le contraire. Cela s'applique aussi au cinéma chez moi. Voir les caméras, voir le film à l'état brut sans les artifices du jeu d'acteur ni les petits trucages de la mise en scène ce n'est pas particulièrement ma tasse de thé. Ca ne m'empêche par ailleurs pas de les remarquer quand même.

    "Voir ce que nos actes impliquent", je ne comprend pas? Je ne suis quand même pas assez con pour penser que derrière la viande que je mange il y a un animal que l'on a tué mais je ne suis pas particulièrement défenseur de toutes les petites bébêtes, je trouve les poulets très cons et en manger ne fera pas peser sur ma conscience le poids de sa mort. Mais là y a plus aucun rapport avec ce film dans notre discussion.

    J'emmerde le cinéma et pourtant "la maman et la putain" et un film plutôt académique et tourner dans les règles de l'art, techniquement irréprochable et plutôt dans le sens de son époque. Un vrai film d'eustache qui emmerde le cinéma académique, moi j'aurai dit "mes petites amoureuses".

    Cela dit, on s'engage sur des débats d'opinions et en confrontant deux visions du cinéma totalement opposées on arrivera jamais à se mettre d'accord.

    Cependant, je t'accorde un magnifique point Goldwin.

    RépondreSupprimer
  11. Sauf que le cinéma n'est pas affaire d'opinion ou de goût personnel, et c'est bien ce qui le différencie du poulet braisé.

    RépondreSupprimer
  12. C'est fou comme on peut réfléchir loin sur certaines choses et avoir un raisonnement complètement enfantin sur les animaux. Mais bon puisque tu commences avec "défenseur de toutes les petites bébêtes", j'arrête là, sinon bientôt tu vas me parler de Brigitte Bardot.
    Bon, je trouve quand même que ça déconstruit les règles de l'art, puisque quand même les règles massivement suivies sont celles de Griffith et du cinéma classique hollywoodien. La nouvelle vague n'est pas censée être sans menstruations? Beurk.
    Mais sinon, je ne connais pas du tout Jean Eustache, donc c'est juste une impression sur cette séquence. Justement, on ne peut pas dire que le montage soit techniquement irréprochable. En tout cas, ça ne suit pas les règles de base du montage.
    Arnaud?

    RépondreSupprimer
  13. And her son (of your mother)7 avril 2011 à 05:50

    Le cinéma non, mais moi oui, je le suis. Et la nouvelle vague c'est vaguement mon truc je dirai. Ca ne m'accroche peut être pas assez et pourtant j'y trouve de l'agréable, du beau, du choquant et de l'ordinaire.

    Mais quand on parle cinéma, moi je me place plutôt du côté Bazin/Mourlet que du côté Godard/Truffaut qu'à défaut de trouver complètement cons je trouve un peu surfait et quelque fois même légèrement mercantilisant (simple jugement esthétique). Je leur reconnais un certain génie, un sens particulier de l'image que l'on ne trouve que chez eux mais au delà de leurs génies respectifs, se cache le cinéma facile, un scénario? Pourquoi faire? Mise en scène? J'emmerde la mise en scène! Et que reste t-il à la fin? Une image nue du désir, de l'action et de mouvement. Tout est confus alors que pourtant c'est le monde que l'on nous offre. Mais pourquoi vais-je au cinéma? Pour voir le monde que je vois de mes propres yeux? Effectivement, un autre regard que le sien sur le monde est toujours quelque chose d'intéressant mais ca n'empêche pas d'y ajouter le piquant d'un scénario, la beauté du jeu d'acteur et les tromperies de la mise en scène...ce que "la maman et la putain" fait merveilleusement.

    Enfin: Bull's eye Zeus

    RépondreSupprimer